Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 2. (Budapest, 1974)
Le Musée des Arts Décoratifs en 1972
gagné du terrain dans la seconde moitié du XVIII e et sont devenues dominantes au XIX e siècle. L'emploi du mot lui-même et la spécification des idées indiquent aussi l'essence de l'ensemble des problèmes. Dans les différentes langues l'expression ars, art, arts, Kunst, embrasse la totalité des arts et repose à vrai dire sur l'idée de l'artisanat. Les mots distinctifs beaux-arts, arts plastiques, fine arts, schönen Künste, etc. désignent le processus tardif de la séparation des arts, et se rattachent à une étape définie et spécifique de l'évolution qui a ses racines dans la production et dans la répartition du travail. Jusqu'à l'épanouissement de la production capitaliste les différentes branches et genres d'art constituaient une unité plus serrée, et leur facteur caractéristique dominant était leur corrélation et leur interpénétration. Aussi le plus souvent a-t-on collectionné ensemble leurs produits. Permettez-moi d'aborder cette question dans ses rapports avec les périodes qui me sont les plus familières: du XVI e au XVIII e siècle, et de prendre tout d'abord en considération les données du pays. Je devrais commencer peut-être par le fait que dans ces périodes, Renaissance, baroque, rococo et classicisme, la définition art décoratif n'existait pas, et le métier d'artiste décorateur, en tant que tel, était une idée inconnue. On connaissait les créations de l'art décoratif, de l'artisanat, et ceux qui créaient ces objets usuels mais exécutés avec art furent appelés orfèvres et sculpteurs sur bois, denteliers, potiers, céramistes et menuisiers ou ébénistes. Dans toutes les branches de l'artisanat et dans les manufactures furent produites des oeuvres dont les maîtres voulurent donner davantage que les travaux routiniers usuels sans décor. A vrai dire, il est malaisé d'établir où commence cet art, quand on peut parler d'une oeuvre d'art et où se termine l'artisanat vulgaire, l'article courant. Ces limites fluctuent fortement selon les pays et les époques, les catégories sont difficiles à définir, et la sphère d'idées change aussi selon la qualité et le nombre des monuments connus d'une époque, d'un genre, d'un type ou d'un ensemble. L'étude d'ensemble des arts décoratifs et des arts plastiques est susceptible de nous fournir un point de repère plus solide, et elle nous aide à analyser et à apprécier les facteurs communs qui déterminent ces arts. Les conditions historiques et sociales, les circonstances économiques agissent de la même façon sur les arts plastiques que sur les arts décoratifs; or les examens détaillés font ressortir que les divers motifs, les facteurs idéologiques, les zones d'influence et les rapports commerciaux agissent différemment et d'une manière plus nuancée. Ce sont justement ces influences qui permettent d'avoir une riche vue d'ensemble dans laquelle les diverses branches de l'art jouent un rôle correspondant à leur importance. Il faut mettre en relief, mieux que jusqu'à présent, le fait qu'à certaines époques et périodes les diverses branches de l'art passent au premier plan dans une interpénétration compliquée, ou bien sont reléguées au second plan, et cèdent leur place aux branches et aux genres d'art qui répondent mieux à la demande. En examinant les corrélations entre les arts décoratifs et les autres arts, nous devons tenir compte de trois éléments: premièrement l'unité et l'identité qui se manifeste dans la personne de l'artiste, deuxièmement l'unité de l'aspect et de l'application des oeuvres, et troisièmement la connexion due aux modèles communs. En analysant les attaches personnelles, nous pourrions nous référer aussi à des exemples généraux et bien connus. On sait que les plus grands artistes de la Renaissance, entre autres Léonard de Vinci et 218