dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

composition plutôt picturale. Sa grande maîtrise lui per­mettait d'exécuter dans la matière qu'il avait choisie, toute une série de bustes représentant les modèles avec un idéa­lisme purifié et confiant aux costumes fastueux le soin de mettre en relief leur distinction. Cette importance exagérée accordée au costume témoigne de l'influence malsaine du style des monuments. En effet, ceux-ci, aussi bien que les bustes dits représentatifs, se servent du costume pour souligner la distinction du personnage représenté. Or cette mise en relief outrée avait pour conséquence que ces por­traits sans caractère n'exprimaient plus rien. L'exagération des détails dans la représentation du visage et du costume conduit à l'ennui et à la médiocrité. Ces bustes figurant pour la plupart quelques magnats, membres de la chambre haute ou de la haute bourgeoisie hongroise ont perdu de­puis longtemps, en conséquence de leur imperfection artisti­que, toute leur actualité et soint définitivement tombés dans l'oubli. Par contre, les bustes attachants, intimes, modelés avec une grande simplicité et représentant on ne peut mieux ses amis les plus familiers, comptent toujours parmi les meilleures oeuvres de György Zala. Parmi eux une place de choix doit être réservée au buste d'Antal Ligeti 1 (Fig. 54) sur lequel on retrouve facilement les marques de l'émotion intérieure avec laquelle notre sculpteur a gravé dans le marbre les traits de ce maître à l'âge déjà vénérable. Accordant moins d'importance que d'habitude au costume, Zala s'y est efforcé de rendre le caractère de son modèle. Le visage buriné par l'âge, le regard fatigué d'un homme déjà vieilli, rayonnent d'une profonde humanité et d'une, chaleur de coeur peu commune. C'est à la même époque à la fin des années 1880 ou au début des années 1890 que György Zala a exécuté une de ses meilleures études, un buste de femme représentant une jeune personne au visage ovale, aux épaules nues. 2 (Fig. 55) Le visage plein de sensi­bilité, les yeux classiques, les épaules d'un modelé saisissant, semblent ressortir d'un marbre grossièrement travaillé. Ces deux bustes et les autres qui leur ressemblent par la simplicité, expriment davantage par le caractère bien saisi que l'autre série de bustes forçant à tout prix et par tout moyen notre attention. Le sculpteur y avait reconnu l'importance de rendre fidèlement, par les moyens propres à son art, le caractère expressif de ses modèles. Il est donc parti du modèle pour en exprimer dans le langage de la sculpture, les nuances délicates, les traits caractéristiques. Le portrait d'art naît de la rencontre de deux personnalités, de deux natures: celle du modèle et celle de l'artiste. Le génie créateur de l'artiste s'y manifeste et pénètre le visage du modèle en le marquant de son sceau ce qui est comme une sorte de don de l'artiste à son modèle. C'est ainsi que de ces deux bustes une grande beauté artistique se dégage nous rappelant impérieusement le talent de György Zala, auquel lui-même et ses clients ont si souvent et si grave­ment manqué. Notre sculpteur fut d'ailleurs un maître très éclectique. Il s'est efforcé de faire sienne la belle com­position de statues Renaissance, d'apprendre le mouvement de la sculpture baroque et de l'allier avec l'excellente manière de la représentation de l'homme dans l'art fran­çais. A cette époque il déclarait aimer les sculpteurs français s'ils sont classiques et même Rodin quand il l'est. Il dut étudier l'oeuvre de ce dernier: son buste d'Antal Ligeti conçu d'une façon sobre, exécuté dans un style massif, semble étroitement apparenté à la première oeuvre exposée de Rodin, à VHomme, au nez cassé. On peut compter parmi les bustes d'une conception classique de Zala ceux aussi qu'il a faits respectivement de Mór Jókai, de Ferenc Deák et de László Gyenes. C'est en 1893 qu'il achevait le buste du grand conteur hongrois, Mór Jókai à qui il était lié par une amitié étroite. 3 Il re­présente son modèle en face, revêtu d'un costume très simple. Son effort se concentre sur le visage qu'il modèle avec tendresse et fidélité. Il réussit à rendre avec virtuosité le caractère cordial et railleur du romancier. Le buste de Ferenc Deák, infatigable artisan du Compromis austro­hongrois de 1867, a été achevé en 1902. 4 Modelé avec sym­pathie, le buste représente un homme déjà âgé, au regard plein de lassitude. Le costume dont il est revêtu est in­signifiant, mais les traits tirés du visage et les yeux plein de sensibilité regardant au loin, sont très expressifs. Le bus­te de László Gyenes 5 exposé en 1912, une demi-figure, est d'un tout autre style. (Fig. 56.) Il figure l'acteur dans un de ses rôles préférés, dans celui de Lucifer dans la Tragédie de l'Homme d'Imre Madách. Ce buste d'acteur d'un style monumental, modelé avec une maîtrise digne de tous les éloges, montre sous le meilleur jour le don de notre sculp­teur de modeler et d'exprimer l'homme. En exécutant ce buste d'un acteur dans un rôle à costume, ce qui n'était pas une tâche facile, Zala sut conserver un contact tout humain avec son modèle. Il a si heuresement disposé la lourde draperie qu'elle n'empêche nullement la tête de se montrer pleinement. Parmi les bustes très nombreux de György Zala, nous rencontrons rarement des oeuvres saisissantes telles que le Buste d'une femme 6 et le Buste de Gyula Gullner 7 qui, pourtant, n'offrent rien de nouveau, bien au contraire, leur harmonie paraît déjà compromise en un certain sens par quelque chose d'étrange. Dans la période qui va jusqu'en 1915, les bustes re­marquables se sont faits de plus en plus rares. Le maître a peu travaillé pendant les dures années de la première guerre mondiale. Dès que celle-ci fut terminée, il a consacré tout son temps et toute son énergie à l'exécution urgente du Monument de la Hongrie millénaire et aux problèmes tout extérieurs, tout formels de quelques nouveaux monu­ments dont il avait reçu la commande, si bien qu'il a fini par renoncer définitivement au noble art du buste. Éva N. Pénzes

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