The Hungarian Student, 1958 (3. évfolyam, 1-2. szám)
1958-10-01 / 1. szám
Mais revenons à la grande rencontre de jeunesse. J’aimerais m’adresser maintenant à ces jeunes Russes qui ont lutté avec nous contre la tyrannie. Ils ont constitué en fait la plus grande partie de ces volontaires étrangers qui ont combattu à nos côtés à Budapest en octobre dernier. Il y avait aussi des Slovaques, des Tchèques, des Roumains, des Polonais, des Albanais et des Coréens, ainsi que quelques ressortissants de nations occidentales, qui avaient pris les armes pour la liberté de la Hongrie; leur nombre était toutefois relativement faible, car peu d’étudiants étrangers se trouvaient à ce moment à Budapest. Je n’oublierai jamais cette jeune fille polonaise qui fut pansée à mes côtés après une grave blessure. Je n’oublierai pas non plus ce soldat russe qui me serra la main avec enthousiasme après avoir détruit à l’aide du canon de son T 34 une mitrailleuse de l’AHV (police secrète). Je me souviendrai toujours aussi de ces étudiants occidentaux qui nous apportèrent les premiers médicaments en plein milieu du feu des combats. Lorsque nous tendîmes la main, nous savions que nous nous rencontrerions une fois encore à Moscou, à Budapest, ou même à Paris ou à Londres. Hélas, nous ne nous sommes pas rencontrés. Car la révolution n’a pas encore triomphé à Moscou; c’est là que se retrouvent maintenant les plus sournois et les plus doucereux des pharisiens. Tout se passe selon la tradition «progressiste». Et comme à Moscou la tradition progressiste est celle du duc Patyemkine, on commence maintenant par la préparation des vitrines de Vienne. Nous nous préparons donc au festival conformément au programme. Les cours touchent lentement à leur fin, on approche du dernier jour, et l’on commence aussi à entendre ouvertement, sans masque, avec l’honnêteté bolchévique, ce que l’on a dit en 1949 aux interprètes de Budapest: «Camarades, celui qui ne marchera pas droit serra dressé jusqu’à ne plus être un homme. Compris? Jusqu’à ne plus être un homme!» Jeunes ! Vous avez donc le choix: celui qui ne marchera pas droit ne sera plus un être humain. Celui qui marchera droit n’en sera pas un non plus, mais une marionnette. Ainsi, beaucoup de plaisir ! Nous vous demandons toutefois — pendant que vous marcherez droit — de ne pas oublier le festival qui a eu lieu à Budapest le 23 octobre 1956, d’après nos calculs — ou, comme on a coutume de dire à l’Ouest, après la naissance de Jésus Christ ! - Viktor - 2