Habersack, Sabine - Puşcaş, Vasile - Ciubotă, Viorel (szerk.): Democraţia in Europa centrală şi de Sud-Est - Aspiraţie şi realitate (Secolele XIX-XX) (Satu Mare, 2001)

Ioan Horga: Pericole mediatice la adresa democraţiei în Europa centrală şi de est

Pericole mediatice mais non oculaires de ce qui se passait alors au Kosovo, transformé en huis clos médiatique13 14. Du côté de la presse indépendante yougoslave - ou du moins ce qu’il en reste après dix ans d’une répression sévère et d’une mise au pas orchestrées par Slobodan Milosevic en personne - l’étau s’est resserré début 1998 avec une multiplication des attaques contre les médias et le pluralisme de l’information. Dans les mois précédant le déclenchement des frappes le 24 mars, ce sont quatre radios et une chaîne de télévision qui étaient interdites, alors que Nasa Borba, quotidien de référence en Serbie, 14 cessait dans le même temps sa parution . Refusant de se plier à la « grille de lecture » des événements au Kosovo que le ministre de l’Information tente d’imposer le 10 mars 1998 aux journalistes de la presse libre - convoqués pour l’occasion au poste de police - Nasa Borba, pas plus que, plus tard, Danas ou Dnevni Telegraf, ne survivra à l’adoption, en octobre suivant, d’une nouvelle loi sur l’information prévoyant de très fortes amendes contre les voix discordantes15. Les premières frappes de l’Alliance Atlantique allaient être l’occasion pour le régime de procéder à la fermeture de la Radio B92 de Belgrade, dernier média indépendant de Serbie. Quelques jours plus tard, le 11 avril, c’est le propriétaire du Dnevni Telegraf, Slavko Curuvija, un proche du régime ayant fait « défection » quelques mois plus tôt, qui est assassiné dans les rues de Belgrade, peu après avoir été qualifié de « traître » à qui il fallait « régler son compte » 13 Jean-Paul Marthoz illustre bien ce propos lorsqu’il écrit : « on a ainsi vécu une «guerre en différé», les informations sur la situation au Kosovo n’arrivaient qu’au compte-gouttes, par l’entremise des réfugiés interviewés par les représentants des organisations humanitaires postés en Albanie et en Macédoine. Bien que précieuses, ces informations n’ont offert qu’une vision partielle et décalée des exactions commises par les forces serbes et des conséquences des bombardements ». Voir Une presse qui a refusé le garde-à-vous, in La guerre du Kosovo : éclairages et commentaires, sous la direction de Bernard Adam, GRIP, Editions Complexe, Bruxelles, 1999, p. 141. 14 Cf Hélène Despic-Popovic, Belgrade a décrété l’état de guerre : Milosevic muselle les médias indépendants, in Libération, 25 mars 1999, p.3. 15 C’est pour avoir publié à sa «une» la lettre gouvernementale énonçant les consignes de « lecture » des événements - c’est-à-dire pour avoir refusé d’un côté de traiter l’UCK de « bande de terroristes » ou de qualifier ses activités de « criminelles » ou de l’autre de parler des « opérations de maintien de l’ordre » ou « de la paix » des policiers serbes - que Nasa Borba sera suspendu... Voir Florence Amalou, Comment Belgrade a progressivement muselé la presse libre, in Le Monde, 2-3 mai 1999, p.21. 163

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