Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)

Cruciada Târzie

Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 61 Basach soubz lame, / Des mors aussi, pour garder no creance: / De chascun d’eulx ait Dieu mercy de l’ame!”125 Tel était le récit dressé par les troubadours qui sillonnaient la France quelques années après la débâcle chrétienne de Nicopolis: l’image d’une chevalerie vaillante, abandonnée à son cruel sort par les alliés hongrois qui s’enfuirent du champ de bataille au lieu de combattre avec la même bravoure. Le biographe de Boucicaut évite lui aussi de raconter les querelles qui divisaient le camp de Français pour mettre en évidence leur discipline, et le fait qu’ils avaient accepté sans protestations la tactique envisagée par Sigismond. Les chevaliers du royaume attaquèrent ensemble avec les Hongrois et les autres contingents alliés, mais devant le champ de pieux sous la pluie de flèches ottomanes, les troupes hongroises lâchèrent pied pour prendre la fuite en laissant les combattants français affronter à eux seuls l’armée ennemie126. Toutes ces fausses accusations ont été corrigées au fil du temps par les spécialistes, car elles contredisent l’ensemble des sources que ce soit byzantines, polonaises, allemandes, hongroises et mêmes ottomanes127. On ne peut accuser de la défaite seulement le contingent hongrois, il faut alors inclure les autres contingents alliés (les Hospitaliers, les Allemands, les Tchèques, les Polonais etc.) qui ne participèrent pas à la première attaque et qui restèrent auprès de Sigismond. Outre, nous disposons de nombreuses chartes de privilèges accordées par le monarque de Hongrie aux nobles chevaliers du royaume qui se distinguèrent à Nicopolis pendant la deuxième phase de la bataille, lorsqu’ils avaient chargé à leur tour pour sauver la cavalerie française encerclée sur le plateau128. 125 Pour les Français morts à Nicopolis dans Œuvres complètes de Eustache Deschamps, éd. Le Marquis de Saint-Hilaire, t. VII, Balade nr. MCCCXVI, p. 77-78, apud Atiya, p. 129. Mais aussi Contre La Hongrie et la Lombardie, in op. cit., nr. MCCCIX, p. 138-139, apud Atiya, p. 128. 126 Le Livre des Faits..., p. 106-107: “Si furent la noz gens moult empetrez, et toutevoyes passèrent oultre. Mais or oyez grant mauvaistié et grant felonnie et lâcheté des Hongres, et lait reprouche sera a eulx a tous jours.” Cf. aussi Froissart, XV, p. 316-317. 127 Par exemple Atiya, p. 93.: “Yet to say indiscriminately, as some of the French chroniclers do, that the Hungarians deserted the French and comitted a felony and displayed a cowardice that would stain their memory for ever, is unjust and unhistorical.” De même Delaville le Roulx, p. 277: “Les chroniqueurs français ont généralement attribué à la fuite des Hongrois la responsabilité du désastre; cette assertion ne saurait être acceptée sans réserves. S’il est vrai que les alliés de Sigismond, Bulgares et Bosniaques, aient lâché pied sans combat; s’il est également certain qu’une partie des auxiliaires hongrois, effrayée par le désordre de la mêlée, par la fuite des chevaux sans cavaliers et des valets d’armée, ait cédé à une panique subite, il faut reconnaître que les troupes aguerries de Sigismond ont bravement fait leur devoir. Le roi, à leur tête, avec ses lieutenants les plus dévoués, Nicolas de Gara, Nicolas de Kanysa, archevêque de Gran, les Rozgon, Forcacz, le ban Jean de Maroth, le comte de Cilly, a tenté un effort suprême pour dégager les chevaliers français. Pour les sauver, il réuni à ses troupes les croisés allemands et polonais, et sa tentative eût réussi sans l’arrivée décisive des Serbes sur le champ de bataille; c’est donc plutôt à l’outrecuidance française, à la témérité sans excuses du connétable et de la jeunesse guerrière qui le soutenait, que revient la perte de la journée.” 128 Voir les documents publiés dans E. Hurmuzaki, op. cit., 1/2, p. 376-399, notamment nr. 318, p. 376-377, nr. 322, p. 380-381, nr. 324, p. 387-389, où le monarque hongrois décrit le désastre militaire de Nicopolis sans toutefois culpabiliser la chevalerie française.

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