Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 53 La chronique de Froissart nous décrit, en échange, les divergences et les dissensions qui se manifestérent au sein du commandement franşais â la veille de la bataille, car certains chefs comme le seigneur de Coucy, le maréchal Boucicaut ou l’amiral Jean de Vienne se rangent-ils â l’avis du roi Sigismond103. Cette quereile fut reconstituée d’ailleurs par Jean Delaville le Roulx dans son ouvrage concernant l’expédition de 1396104. Le Livre des Faits... nous offre une autre version tout â fait erronée, selon laquelle la chevalerie franţaise accepta sans contestation le plan de Sigismond et qu’elle se rangea pour la bataille d’aprés l’ordonnance proposée par le monarque hongrois: “Et est assavoir sus ce pas cy que, sauve la grace des diseurs qui ont dit et rapporté du fait de la bataille que noz gens y fuyrent et alerent comme bestes sans ordonnance, puis .X., puis .XII., puis.XX., et que par ce furent occis par troppiaulx au feur que ilz venoient, que ce n’est mie voir. Car, si comme ont rapporté â moy, qui aprés leurs relacions l’ay escript, des plus nottables en vaillance et foy chevaliers qui y fussent, et qui sont dignes de croire, sans faille le conte de Nevers et tous les seigneurs et barons franşois, avec tous les Fra^oiz que ilz avoient menez, arriverent devers le roy tout a temps pour eulx mettre en tres belle ordonnance, laquelle chose ilz firent si bien et si bel que a tel cas appartient; et la baniere de Nostre Dame, que les Francois ont accoustumé de porter en bataille, bailla le conte de Nevers a porter a messire Jehan de Viennne, amiral de France, pour ce que il estoit le plus vaillant d’entr’eulx et que plus avoit veu; et fu mis ou milieu d’entr’eulx, si que il devoit estre. Et de toutes choses tres bien s’abillerent, si comme faire on doit en tel cas.”105 A la suite du récit on se rend compte que Le Livre des Faits... constitue une des sources de la Campagne qui 103 Froissart, XV, p. 313-315. 104 Delaville le Roulx, p. 260: “Les chevaliers franţais, et en particulier le connétable, n’acceptérent pas le plan de Sigismond. Leur orgueilleuse présomption, qui, depuis le jour oü l’ordre de marche avait été régié á Bude, n’avait manqué aucune occasion de se manifester, reparut ici plus arrogante que jamais. Un connétable de France, dirent-ils, ne peut avoir d’autre poste de combat que le premier rang; lui en assigner un autre, c’est vouloir lui faire une mortelle injure; la noblesse franţaise ne peut marcher qu’â l’avant-garde; le roi de Hongrie, en la reléguant en seconde ligne, veut avoir pour lui la fleur et l 'honneur de la journée. En vain les chevaliers d’une expérience consommée, les Coucy et les Boucicaut, se rangent-ils â l’avis de Sigismond. Ils sont taxés de poltronnerie par les plus fougueux, et Guy de la Trémoille, interprete de leurs sentiments, s’attire du vieux sire de Coucy la réponse qu’il méritait. A la besogne. lui dit-il, je montrerai que je n 'ai pas peur et mettrai la queue de mon cheval oii vous n 'oserez mettre le museau du vótre. Le connétable, mécontent de n’avoir pás été consulté le premier, se prononce dans le sens opposé, et n’a pas de peine â rallier â son opinion la jeunesse qui l’entoure. Lá óit vérité et raison ne pevent estre oys, il convient que oultre-cuidance regne, s’écrie l’amiral Jean de Vienne. Mais ces sages paroles ne convainquent personne; les Franţais, au mépris de la prudence et de l’expérience, veulent étre les premiers â attaquer Bajazet, et Sigismond, malgré ses instances répétées est forcé de céder.” Pour les dissensions au sein du commandement franţais cf. aussi Atiya, p. 85-86; Köhler, p. 26; Brauner, p. 42; Lot, p. 220. 105 Le Livre des Fails..., p. 104. Selon Oman, nr. 1, p. 351: “All that the author of Boucicault’s biography finds to say in defence of his patron’s colleagues is that it is not true that they made a disorderly advance: on the contrary, they were well formed up.”