Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel

re Madách ne tarde pas à rejoindre leurs rangs. Il écrit des poésies lyriques, esquisse des drames romantiques, assiste aux représenta­tions historiques du Théâtre National de Pest puis, jeune avocat diplômé, il revient au pays faire de la politique, cherchant à mettre en pratique les idées libérales et radicales, ramenées de ses années universitaires. Cette génération prépare sciemment l’instauration d’une civilisation urbaine, bourgeoise et voue un culte studieux aux héros de l’Antiquité et de la Révolution française y compris le personnage d’un Byron, mort pour la liberté d’une nation. En 1848, année du „printemps des peuples”, les représentants de cette génération combattent massivement aux premiers rangs de la révo­lution hongroise pour l’indépendance nationale, constituant ainsi la section hongroise des révolutionnaires européens. Victor Hugo, Heinrich Heine, Henrik Ibsen écrivent des vers pour les encoura­ger; les peuples européens et l’opinion américaine soutiennent leur combat mais ils seront écrasés par la supériorité des forces adverses. Les plus puissantes armées européennes de l’époque, celle de l’empereur d’Autriche et celle du „tsar de toutes les Russies” finissent par anéantir la jeune république hongroise et la Hongrie est rabaissée au rang d’une province de l’empire des Habsbourg. Après 1849, la génération libérale d’Imre Madách sombre dans le désespoir d’avoir perdu tout ce qui avait motivé son com­bat. Il n’y a pas de famille hongroise, — et celle des Madách ne fait pas exception —, qui ne déplore la disparition de quelque parent tué, emprisonné ou émigré. Ceux qui restent méditent, dans la morne solitude de leurs maisons, et s’interrogent sur tout ce qui vient d’arriver à la nation. Leur problème est presque insupportab­le: reconsidérer les idées qui semblent avoir fait faillite, rechercher les causes de la défaite, trouver des raisons — s’il y en a — pour des actions futures. Contrecoup de l’enthousiasme romantique, la Hongrie est tiraillée, comme le reste de l’Europe, par le doute. C’est dans un tel contexte de doute que s’élabore, dans le cabinet de travail campagnard d’Imre Madách, un poème de l’humanité en langue hongroise. C’est une oeuvre profondément, intégralement hongroise sans que l’action d’aucun des tableaux soit située en Hongrie et sans la moindre trace d’un provincialisme plaintif. Les deux personnages masculins de la Tragédie sont, en fait, les éma-8

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