Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
de Madách sur les masses humaines, son pessimisme et, conséquence des représentations de l’oeuvre comme mystère, son cléricalisme. Mais une autre classe d’érudits marxistes soulignait, dès les années cinquante, la présence et l’importance de la tradition madáchienne au théâtre et dans la littérature en général. On sait désormais que le succès international de l’oeuvre de Madách devait justifier l’appréciation de ces derniers. C’est en 1947 et 1955 que le Théâtre National de Budapest avait de nouveau introduit la Tragédie à son programme. Ces créations se caractérisaient par le déséquilibre entre une conception dramatique plus riche et plus fouillée, d’un côté, et une pauvreté scénique, de l’autre. Lucifer était devenu un personnage entièrement humanisé, agissant, et adversaire non seulement du Seigneur mais aussi d’Adam dans les tableaux historiques. Leurs combats reprenaient constamment, à des niveaux toujours plus élevés et sous des aspects toujours plus variés, soit pour faire triompher les idées soit, au contraire, pour démontrer leur futilité. Ces créations soulignaient le rôle historique des masses et représentaient les affrontements des idées sous les traits de la lutte des classes. Si les metteurs en scène (Béla Both en 1947 et Endre Gellért, Tamás Major, Endre Marton en 1955) ont apporté, d’une part, bien des éléments nouveaux grâce à une application consciencieuse des idées de Stanislavski et grâce à d’excellentes performances de comédiens (présentation vivante des scènes historiques, psychologie plus fouillée des rapports des protagonistes entre eux), le carcan du style réaliste ne faisait qu’accentuer le retard de l’art scénique hongrois par rapport au théâtre des autres pays. Il est significatif à cet égard que Gusztáv Oláh devait reprendre ses cartons de 1923 et 1926 pour ses décors de la création de 1955. L’année 1957 ouvrait une ère nouvelle dans l’histoire des créations de la Tragédie puis, en 1964, à l’occasion du centenaire de la mort de Madách, dont le Conseil mondial de la paix a fait une fête culturelle internationale, l’attention du monde du théâtre se tournait à nouveau vers l’oeuvre madáchienne. Entre 1957 et 1965, presque tous les théâtres de Hongrie avaient inscrit la Tragédie à leur programme. Ces créations étaient caractérisées par le 29