Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
l’hostilité de Hevesi à la représentation de la Tragédie à Szeged. Il estimait en effet que le lieu était incompatible avec le poème et il craignait, lui qui vouait le plus grand respect au texte de Madách dans ses mises en scène, qu’une telle production ne dégénérât en une nouvelle mouture à la Meiningen. Alors que conservateurs et modernistes s’affrontaient en Hongrie et que la Tragédie-mystère figurait régulièrement au programme du festival de Szeged, le Burgtheater de Vienne a créé, en 1934, l’oeuvre de Madách avec un succès foudroyant. La mise en scène de Hermann Röbbeling s’inscrivait dans la série de représentations „La voix des peuples dans l’art dramatique”. Les suppressions portaient sur les passages du texte qui présentaient trop de parenté avec le Faust de Goethe. C’était un spectacle de trois heures et demie avec une pause au milieu. Röbbeling avait opéré une nette distinction entre les tableaux de l’intrigue et ceux des visions historiques et soumis les mouvements de la foule à une chorégraphie précise. Adam était interprété par le jeune premier Paul Hartmann qui réussissait à composer un personnage profondément humain en luttes perpétuelles. Au contraire, Maria Eisel créait une Eve toute de féminité. Quant à Lucifer, il était interprété par Otto Tressler, un comédien de soixante-dix ans dont le démonisme passionné semblait venir d’une époque révolue. Le dispositif scénique de Röbbeling était constitué par un assemblage d’estrades, dressées en pente. Pour suggérer l’univers mécanisé du phalanstère, il dégageait une partie du décor pour rendre apparente la passerelle de projection du fond de la scène. Indépendamment de la production de Röbbeling, une mise en scène originale et personnelle a été réalisée à Debrecen en 1936—1937 par Árpád Horváth, antérieurement metteur en scène au Théâtre National où il avait eu des démêlés justement à propos de la Tragédie. Sur une scène tournante de treize mètres de diamètre, il a édifié un dispositif monumental avec un jeu d’estrades et un rideau circulaire. Il a employé une figuration et un choeur nombreux et c’est avec des effets de lumière, inspirés de son maître Sándor Hevesi, qu’il a réalisé les réveils multiples d’Adam après les tableaux historiques. 26