Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
courage combatif d’un Adam vieillissant mais infatigable, on trouve la féminité diverse et changeante d’Eve. Celle-ci reste toujours aux côtés d’Adam dans les détours de l’histoire et constitue, pour celui-là, une sorte de personnage de rêve au second degré, incarnant le souvenir du „Paradis perdu”. Les personnages secondaires des tableaux IV à XIV offrent également de belles possibilités de composition dramatique. Ces personnages, parfois historiques mais le plus souvent issus de l’imagination de l’auteur, demandent aussi des comédiens de classe. D’intéressantes possibilités s’offrent également au metteur en scène dans l’établissement de la distribution en confiant plusieurs rôles dans différents tableaux à un même comédien. C’est ainsi que les nécessités dramaturgiques peuvent se transformer en ingéniosités de la mise en scène. En voici un exemple. A la fin du sixième tableau (Rome), Adam se passionne pour le nouvel idéal chrétien puis s’en montre déçu dans le septième tableau dont l’action est située à Byzance des croisades. Parallèlement au personagge constant d’Adam, l’intérêt des deux tableaux, en quelque sorte opposés, peut être rehaussé en confiant à un même comédien le rôle de saint Pierre, professant le christianisme à Rome, et celui du patriarche de Byzance qui envoie les hérétiques au bûcher. Un tel retournement, appuyé de la sorte, souligne la désillusion d’Adam dans les deux épisodes. Si, au contraire, le même comédien assume les rôles de saint Pierre et de l’hérétique brûlé, l’accent sera reporté sur la nouvelle idée religieuse, en fort contraste avec la désillusion d’Adam. Du quatrième au quatorzième tableau, Lucifer assure, en quelque sorte, la mise en scène des visions d’Adam alors qu’il en est aussi le scénariste. Pour ce qui est des possibilités réelles de la mise en scène et de l’interprétation, notons qu’en opérant quelques coupures dans les passages narratifs et méditatifs des plus de 4 100 vers de la Tragédie, on peut ramener la durée du spectacle à celle d’une soirée théâtrale normale. On disposera alors d’un texte, permettant la mise en oeuvre de tout le dispositif scénique et le déploiement de toutes les qualités de comédien qu’un metteur en scène de talent puisse imaginer. L’étude du contenu idéologique des tableaux successifs 12