Folia Theologica 21. (2010)
Erdő Péter: Le rapport entre l'Eglise et l'Etat dans la théologie de l'Eglise Catholique
LE RAPPORT ENTRE L'EGLISE ET L'ETAT DANS LA ... 17 dignité. « Tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à- dire doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d'une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d'abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu'ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. Or, à cette obligation, les hommes ne peuvent satisfaire, d'une manière conforme à leur propre nature, que s'ils jouissent, outre de la liberté psychologique, de l'exemption de toute contrainte extérieure. Ce n'est donc pas sur une disposition subjective de la personne, mais sur sa nature même, qu'est fondé le droit à la liberté religieuse » (DH 2,2). La justification donnée par le Concile, la justification par la nature de l'homme, ne coïncide pas avec la conception des Lumières du droit naturel. Dans l'argumentation du Concile, le droit dérive en effet du devoir de rechercher et d'accepter la vérité objective en matière de religion26. Cela présuppose d'abord qu'en matière de religion, il y ait une vérité objective et que, d'autre part, l'être humain tende, par sa nature, vers cette vérité. Il peut et doit l'atteindre d'une façon qui corresponde à sa nature de personne. Tout cela requiert une décision et des actes qui rejoignent sa conscience et ce, indépendamment de toute pression extérieure. Que l'homme soit un tel être, ne résulte pas simplement d'un raisonnement logique, mais se laisse aussi reconnaître à la lumière de la Révélation. C'est pourquoi le Concile met l'accent sur le fait que « le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l'ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même » (DH 2,1). Ce principe n'est pas proclamé par le Concile comme quelque chose d'absolument nouveau, mais renvoie à l'encyclique « Pacem in terris » de Jean XXIII27 28 et aussi à des déclarations pontificales plus anciennes, en particulier à l'encyclique « Libertas praestantissimum »2S de Léon XIII, à la lettre circulaire célèbre « Mit brennender Sorge » (Avec une brûlante inquiétude) de Pie XI29 ainsi qu'au message radiophonique de Pie XII du 24 décembre 194230. 26 Cfr. Catéchisme de l'Église catholique, nn. 2104-2106. 27 Iohannes XXIII, Enc. Pacem in terris (11 apr. 1963): AAS 55 (1963) 260ss. 28 Leo XIII, Enc. Libertas praestantissimum (20 iun. 1888): Acta Leonis XIII, VIII. Romae 1888. 237ss. 29 Pius XI, Litt. cire. Mit brennender Sorge (14 mart. 1937): AAS 29 (1937) 160. 30 AAS 35 (1943) 19.