Folia Theologica 2. (1991)
Brunó Tarmay: Le raisonnement par calcul et la "reditio completa"
78 B. TARNAY „Omnis sciens essentiam suam, est rediens ad essentiam suam reditione completa.” (De Veritate 1, 9.) Donc la conaissance humaine est premièrement un acte du sujet connaissant. Elle n’est pas uniquement un reflet, une copie, un arrangement des impressions, non plus une spontanéité aveugle, faisant la synthèse des „formes à-priori”. Il y a dans notre époque des méthodes anthropologiques diverses, qui en fin de compte tendent à montrer cette caractéristique de la connaissance d’être fondamentalement un acte. Pour parler d’une manière assez grossière, les méthodes les plus élaborées suivent ou bien la voie introspective, psychologique, ou bien la voie transcendentale au sens post-kantien. Aucune raison ne les contraint à dissimuler leurs racines historiques, à savoir, le vif intérêt de la philosophie moderne pour la subjectivité. L’effort s’est concentrée, a faire sortir de l’impasse représantationniste des recherches en élargissant et intégrant l’idée Cartésienne, Kantienne etc. de la subjectivité. On souligne la priorité des tendances spirituelles immanentes contre la connaissance acquise, du préréflexiv (Vorverständnis) à l’encontre de la réfléxion explicite et consciente, — priorité de l’objectif réel comme tout envers les objects particuliers —, priorité de l’homme pris comme totalité à l’encontre de ses facultés, du saisissement de l’Absolu à 1’ encontre de l’approche du rélatif. Ces affirmations étaient fondus sur de fines analyses de l’homme intérieur au cours des années passées. Cette résolution de l’acte de la connaissance par l’expérience des faits intérieurs, psychologiques, semble fondamentale pour Saint Thomas. Pourtant, nous croyons avoir trouvé chez le Saint Docteur des allusions qui font conjecturer la possibilité d’une autre méthode: au lieu des analyses introspectives, une voie indirecte, donc une médiation à travers des structures rationelles de la connaissance. Ces structures appartiennent selon lui, si je ne me trompe aux „intentiones universalitis”, aux possibilités formelles de faire des jugements et des chaînes inferentielles. Grâce à la position décidément antiplatonicienne de Thomas — dans notre question — ces „intentiones universalitatis" ne sont donc pas formées de l’extérieur, au contraire, elles sont constituées par l’intellec- tus agens et peuvent être attribuées a une correspondance objective entre le sensible et l’intelligible universel. Voici quelques textes qui permettent cette interprétation: