Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

DIVES IN OMNIBUS DEUS: UNE INTERPRETATION PLURIELLE... 27 Cyrille deerit le moment qui precede immédiatement l’Incamation du Verbe - quand il « s’apprétait á se faire homme » - comme un temps de perturbation diabolique. C’est un temps d’imposture et de tromperie sataniques, ou de « faux dieux engendrent et sont enfantés par des femmes ». Puis, á partir de rincamation, bien des auteurs anciens soulignent l’ouverture d’une ere de prospérité, de bonheur14. C’est toute la thématique de la Pax augusta1S. Cela donne l’impression qu’un regne du Christ est inauguré aprés un bref « regne de l’Antéchrist ». Encore aujourd’hui, cette notion de paix christique au mo­ment de 1'Incamation aprés un temps troublé, de type antichristique, demeure. La demiére édition du Martyrologe romain en témoigne. Ä la date du 25 dé­­cembre, on lit: Ab imperio Octaviani Augusti, toto Orbe in pace composito16. Ainsi saint Irénée ne semble pas avoir ignoré l’approche optimiste du « dé­­já-lá ». Cette premiere interpretation de III 23, 7 plaiderait en définitive pour un Antéchrist qui n’est pás á personnifier. L’Antéchrist serait une expression du mal parmi d’autres. Dans cette perspective, l’Antéchrist serait simplement une maniére differente, imagée, de dire le péché, la mórt et en définitive le mystére du mal. Une chose est certaine au sujet de cette premiere approche : étant donné qu’aujourd’hui nous nous situons chronologiquement aprés l’événement de l’Incamation rédemptrice, le « déjá-lá » de la victoire sur le mai l’emporte. Le Christ a tout vaincu par sa premiére venue : et le péché, et la mórt, et l’Antéchrist et done aussi le serpent des origines. Ici l’Antéchrist est done vraiment á prendre comme un Anté-Christ, un « anté - premiére ve­nue du Christ », célúi qui précéde l’Incamation du Christ, qui est vaincu par l’Incamation, ou au plus tard par la Résurrection. Cherchons maintenant dans la partié spécifiquement consacrée á l’Anté­christ, ä la fin de VAdversus haereses, s’il existe des passages qui peuvent aller dans le sens de cette premiére interpretation. b. Dans 1’Adversus haereses V 25-31 Nous retrouvons eífectivement cette nuance interpretative au chapitre 26 du Livre V. Saint Irénée vient de décrire de fáidon trés vivante le personnage eschatologique qu’est l’Antéchrist, en s’appuyant spécialement sur 2 Th 2. Puis il se produit un léger glissement. De l’Antéchrist, on passe á Satan : 14 Pour un aperfu de ces auteurs optimistes, voir Mommsen, Th. E., St. Augustine and the Chris­tian idea of progress : The background of the City of God, in Journal of the history of ideas 12 (1951) 357-361. Eusébe de Césarée fut le chantre de la Pax romana commencée á l’Incamation et accomplie, selon lui, sous le régne de Constantin. Cf. Van Oort, J., Jerusalem and Babylon: A study into Augustine ’s City of God and the sources of his doctrine of the two cities (Supple­ments to Vigiliae Christianae 14), Leyde 1991. 155. 15 Maxfield, J. A., Divine providence, history, and progress in Saint Augustine’s “City of God”, in Concordia theological quarterly 66 (2002) 343. 16 Martyriologium romanum (Editio Typica), Cittá del Vaticano 2001. 647-648.

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