Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)
Sacra theologia
DIVES IN OMNIBUS DEUS: UNE INTERPRETATION PII TRIFT .TE 23 trée l’unité de la partié sur FAntéchrist avec le reste de l’ceuvre irénéenne. Peut-étre sera-t-il alors possible d’en tirer des conclusions similaires pour la partié sur le millénium ou « régne des justes » ? II serait alors opportun de prendre au sérieux cette doctrine du millénium, comme faisant partié intégrante de la théologie d’Irénée. I. Presentation du texte Le texte-source de notre étude se situe dans la deuxiéme partié du Livre III qui traite du mystére de l’Incamation. Irénée vient de méditer sur la faute d’Adam et Eve. Ceci l’améne a commenter la sentence de Dieu au serpent en Gn 3,15: « Je mettrai une hostilité entre tói et la femme, entre ta postérité et la sienne. II t’écrasera la tété et tu l’atteindras au talon ». C’est de lui [le Christ = « le fruit de l’enfantement de Marie »] que le prophéte a dit: « Tu marcheras [ambulabis] sur 1’aspic et le basilic, tu fouleras aux pieds [conculcabis] le lion et le dragon » (Ps 90, 13). Ce texte signifiait que le péché, qui se dressait et se déployait contre l’homme, qui éteignait en lui la vie, serait détruit [evacuaretur], et avec lui 1’empire de la mórt, que serait foulé aux pieds [conculcaretur] par la postérité de la femme, dans les derniers temps, le Hon qui dóit assaillir le genre humain, c’est-á-dire l’Antéchrist, et enfin que « le dragon, Tantique serpent » (Ap 20, 2) serait enchainé [adligans] et soumis au pouvoir [subiciens] de Phomme jadis vaincu, pour que celui-ci foule aux pieds [ad calcandam] toute sa puissance6. Irénée explique que « la postérité de la femme », c’est-á-dire le Christ né de Marie, allait écraser la tété du serpent, vaincre le mal. II comprend alors le Ps 90, 13 comme une prophétie de l’Ancien Testament, l’annonce de ce que fera le Christ dans le Nouveau Testament. Jésus semble étre ainsi célúi qui va vaincre un mai tétramorphe symbolisé par quatre animaux : T aspic, le basilic, le lion, le dragon. La particularité d’Irénée, héritée peut-étre d’une tradition, est d’avoir identifié chacun de ces quatre animaux avec une manifestation du mal. Le fait que le Hon et le dragon soient nommés dans le mérne ordre a la fois dans le Ps 90 et dans les propos d’Irénée nous met sur la voie d’une telle interpretation. On peut ainsi établir les équivalences suivantes. Le péché, c’est l’aspic. La mórt, le basilic. L’Antéchrist, le lion. Et le serpent des origines, le dragon7. Done, 6 Irénée de Lyon, Contre les hérésies III 23, 7 (SC 211), Paris 2002. 462-465. 7 Rousseau, A., SC 210. 385, ápropos de SC 211. 465, note 2.