Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 67 des âmes constituent un sérieux besoin”, et à condition que “ni l’unité de l’Eglise ne soit lésée ni n’existent des dangers à éviter” (OE n° 26). Le ton de l’énoncé est donc assez tatillon. On est loin de l’appel enthousiaste à une c.i.s. recommandée, comme dans le Décret sur l’œcuménisme. Finalement, le Décret sur l’œcuménisme et le Décret sur les Eglises orienta­les diffèrent dans leur approche quant à la c.i.s. Comme il est apparu, le Décret sur l’œcuménisme intègre la réflexion ecclésiologique sur le mystère de l’Eglise, telle que développée par les Pères conciliaires dans le fameux subsistit in de Lumen Gentium (cf. LG n° 8). C’est le degré d’ecclésialité et, à partir de là, le degré de communion ecclésiale que l’Eglise/Communauté séparée entretient avec l’Eglise catholique, qui sont pris en compte dans l’évaluation du rapport dialectique entre le principe de la significatio unitatis et le principe de la gratia procuranda. La c.i.s. peut, dès lors, être envisagée comme proportionnelle à la communion ecclésiale existante. Dans le cas des orientaux séparés, la commu­nion ecclésiale est très étroite; la significatio unitatis ne risque pas d’être obs­curcie. Ce qui implique proportionnellement une c.i.s. plus ample et recom­mandée. Dans le cas des frères réformés, la communion ecclésiale est plus lâche; l’effet prohibens de la significatio unitatis est plus fort. Ce qui implique propor­tionnellement une c. i.s. plus réduite et exceptionnelle. Le point important est que les frères séparés sont considérés comme membres d’une Eglise/Communauté ecclésiale, qui se trouve dans une communion ecclésiale, bien que toujours im­parfaite, avec l’Eglise catholique. Le Décret sur les Eglises orientales n’applique pas cette même approche ec­clésiologique et n’intègre pas la réflexion sur le mystère de l’Eglise de Lumen Gentium, ni le rapport dialectique entre la significatio unitatis et Ingratia procu­randa. Ce qui fait que son approche, quant à la c.i.s. à l’égard des orientaux sépa­rés, demeure essentiellement individuelle et pastorale du point de vue de la salus animarum. Leur appartenance à des “Eglises particulières” se trouvant dans une communion très étroite avec l’Eglise catholique n’est pas prise en compte.179 Ceci ressemble à l’attitude préconciliaire concédant la c.i.s. uniquement pour le salut des âmes.180 179 La preuve en est lorsque OE n°27 pointe comme condition pour les catholiques, pour re­cevoir les sacrements de la part de ministres des Eglises orientales séparées, la validité de ces sacrements dans ces Eglises (cf. OE n°27, ceci est encore réitéré dans la note 33 de OE n°27), alors que UR avait reconnu sans hésitation la validité des sacrements du sacerdoce et de l’eucharistie dans ces Eglises, en vertu de la succession apostolique (cf. UR n° 15). La validité des sacrements n’est pas une condition d’accès à la c.i.s., mais un élément d’ecclésialité propre aux Eglises orientales séparées, bien que le Décret sur l’œcuménisme ne traite pas de la c.i.s. du point de vue des catholiques ayant recours à des ministres séparés. 180 “Remarkably, during the public discussion in the aula about the Decree on the Oriental Churches, no comments were made to apply the newly-acquired ecclesiological insights as ex­pressed in Lumen Gentium and the Decree on Ecumenism... the norms are not based on ne-

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