Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
54 GEORGES RUYSSEN (La communauté), en effet, en recevant la présence eucharistique du Seigneur, reçoit l’intégralité du don du salut et, bien que dans sa particularité visible permanente, elle se manifeste ainsi comme image et vraie présence de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique... c’est précisément l’eucharistie qui rend impossible toute autonomie de l’Eglise particulière. (Communionis Notio n° 11) La Lettre Communionis Notio poursuit avec une équation entre l’unicité et l’indivisibilité du Corps du Christ eucharistique UN et l’unicité et l’indivisibilité du Corps du Christ ecclésial UN (cf. Communionis Notio n° 11). Ainsi nous aboutissons à nouveau au premier principe, le lien indéfectible et indissoluble entre communion eucharistique et communion ecclésiale. Ceci implique que l’application du second principe concedens/suadens (gratia procuranda) ne peut, dès lors, se faire au prix de l’obscurcissement du premier principe prohibens (significatio unitatis). Les deux principes, tout en n’étant pas contradictoires, entrent dans un rapport dialectique.145 Les normes, aussi bien universelles que particulières en matière de c.i.s., en sont bien conscientes et visent toujours à contrebalancer et à sauvegarder les deux affirmations.146 Citons une fois de plus l’Instruction du SPUC de 1972, qui donne des orientations de base bien claires, afin de tenir en équilibre les deux principes: Pour les membres de l’Eglise catholique, ces deux faces du mystère de l’eucharistie se superposent exactement, à savoir, l’eucharistie comme célébration de la communauté ecclésiale tout entière unie dans une même foi, et l’eucharistie comme nourriture, réponse aux besoins de vie spirituelle, personnelle et ecclésiale... (il faut) sauvegarder à la fois les exigences de l’intégrité de la communion ecclésiale et celle du bien des âmes... a) Le rapport étroit entre le mystère de l’Eglise et le mystère de l’eucharistie ne peut jamais être altéré... Par sa nature même, la célébration de l’eucharistie correspond à la plénitude de la profession de foi et de la communion ecclésiale. Ce principe ne peut jamais être obscurci... b) Ce principe ne sera pas obscurci si l’admission à la communion eucharistique catholique est limitée, en des cas particuliers... (Instr. nos 4, a et 4, b)147 Il apparaît clairement que la c.i.s., sous l’angle de Ingratia procuranda, n’est jamais automatique, mais reste exceptionnelle. En principe, elle n’est permise qu’en raison de la salus animarum. L’admission à la c.i.s. dépendra de l’appartenance ecclésiale du frère séparé (Eglise/Communauté ecclésiale) et se configurera autour de cas de figure bien précisés, tels que l’utilité ou la véritable 145 “... the Eucharist as a sign of unity and as a means of grace. These two values are to be seen in a dialectical relationship, in a creative tension.” Wijlens, Sharing (nt. 59), 233. 146 “Le souci de ne pas sacrifierune affinnation à l’autre doit être la préoccupation constante de ceux qui sont appelés à se prononcer sur le sujet.” J. Hamer, “Présentation de l’Instmction In quibus rerum circumstantiis”, DC 69 (1972) 712. 147 Suivent les conditions précises pour l’application de la c.i.s. Celles-ci évolueront et s’affineront avec le temps, mais les principes de base sont clairement posés et resteront invariés jusqu’à aujourd’hui.