Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
48 GEORGES RUYSSEN vers la communauté des croyants dans laquelle le sacrement est reçu, nourrit, renforce, approfondit également la communion entre chrétiens. En effet, ceux qui reçoivent l’eucharistie sont unis, incorporés au Christ et, à travers Lui, aux autres membres de son Corps mystique, l’Eglise. Si la c.i.s. est “encouragée”, cela vise essentiellement à répondre à un besoin spirituel et ainsi à favoriser l’union personnelle avec le Christ, qui à travers Lui renforce les liens de communion avec les autres croyants. Par contre, il ne s’agit pas d’utiliser ou d’encourager le partage sacramentel,127 ni la concélébration avec des frères séparés128 129 comme un moyen stratégique dans une politique de rapprochement œcuménique vers l’unité. Les interventions magistérielles répétées (Directoires, instructions, déclarations, notes, encycliques etc.) s’insurgent contre les pratiques “sauvages” d’une communion eucharistique de type “ouvert” - pour parvenir à 1 ’ unité ou pour manifester le degré d’unité existant déjà, sans qu’il s’agisse de la pleine unité - en faveur des frères séparés, sans que leur soit exigée une pleine communion de foi et d’Eglise. De telles pratiques doivent être considérées comme contraires à l’enseignement et aux instructions de l’Eglise, car, de par sa nature même, l’eucharistie suppose la plénitude dans la confession de la foi et dans la communion ecclésiale. Nous pouvons donc conclure ce premier point en soulignant le lien d’unité indissoluble entre le mystère de l’eucharistie et le mystère de l’Eglise, entre la communion eucharistique et la communion ecclésiale visible, se traduisant par une pleine communion dans la foi, les sacrements et le gouvernement ecclésiastique. L’eucharistie est ici pleinement significatio unitatis. Le Cardinal Johannes Willebrands, interrogé lors d’un Congrès eucharistique à Melbourne au début des années 70, disait très clairement: 127 “When UR 15c and the 1993 Directory n° 102 encourage sacramental sharing, they are encouraging the personal union with Christ, not the use of sacramental sharing as a means of ecumenical policy... Due to the personal union with God through the grace given by the sacramental sharing,... unity is actually strengthen, but the reception of the sacrament cannot be seen as a means of promoting ecumenism.” P. Gefaell, “Sharing in Sacramental Life: Doctrinal Principles and Normatives in the New Ecumenical Directory of 1993”, in A. Al-Ahmar - A. Khalife (eds.) Acta Symposii Internationalis circa Codicem Canonum Ecclesiarum Orientalium Kaslik 24-29 április 1995, Kaslik 1996, 332. 128 Celle-ci n’est pas permise, même pas avec des prêtres orientaux séparés, du fait que la concélébration exprime justement la pleine communion ecclésiale entre les concélébrants. La concélébration tombe donc pleinement sous le coup du principe prohibens de la significatio unitatis et ne peut bénéficier du principe de la gratia procuranda. Nous renvoyons à la section sur les violations en matière de c.i.s. 129 J. Willebrands, “L’aspect œcuménique du Congrès eucharistique de Melbourne, Interview du Cardinal Willebrands”, DC 70 ( 1973) 388. Dans le même sens, cf. J. Willebrands, “Œcuménisme 1972, Rapport du Cardinal Willebrands, Président du Secrétariat pour l’unité des chrétiens”, DC 70 ( 1973) 765.