Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
32 GEORGES RUYSSEN pelés hérétiques ou schismatiques, ne pouvant plus “être accusés de péché de division” (UR n° 3), mais bien “frères séparés”.76 Toutefois, le degré de communion, bien que toujours imparfaite, que les Egli- ses/Communautés ecclésiales séparées entretiendront avec l’Eglise catholique, dépendra de l’étendue des éléments ecclésiaux — les elementa Ecclesiae Christi - de l’unique Eglise du Christ que celles-ci possèdent en commun avec l’Eglise catholique, dans laquelle se trouve la totalité des elementa Ecclesiae Christi. La gradualité de communion est donc coextensive avec le degré d’ecclésial ité dont la plénitude subsiste seulement et uniquement dans l’Eglise catholique. Bien que le Concile utilise les deux notions d’Eglises séparées et de Communautés ecclésiales séparées du Siège apostolique romain (cf. le titre du Chapitre III du Décret sur l’œcuménisme),77 celui-ci n’a cependant pas voulu entrer dans la délimitation du premier groupe par rapport au second.78 communion avec le Siège de Rome. Mais elle n’en a pas fait la théorie. C’est toute l’histoire des relations avec les Eglises orthodoxes d’Orient qu’il faudrait ici évoquer. En effet, dans ses documents officiels, l’Eglise catholique n’a jamais cessé, depuis la rupture, de considérer les Communautés orientales comme d’authentiques Eglises. Et cela depuis Grégoire VII.... Ces Eglises n’étaient plus en son sein. Elles étaient dissidentes. Il existe donc des Eglises en dehors des frontières de l’Eglise catholique”. Willebrands, “La signification” (nt. 62), 37. On pourrait souligner la similitude de cette position avec celle des orientaux séparés, affirmant que leur Eglise est la seule et unique Eglise, Corps du Christ, tout en reconnaissant en même temps l’existence d’autres “Eglises-sœurs” (catholique, arménienne, copte, etc.) hors de ses propres frontières. Ces membres sont appelés “hétérodoxes”, tout en précisant que cela ne comporte aucune valeur dépréciative. Cf. supra, la position de l’Eglise orthodoxe russe dans sa Déclaration sur les principes fondamentaux qui régissent les relations avec l’hétérodoxie. 76 Tel que ce fut encore le cas chez J. J. Danagher, “Administration of the Sacraments to Heretics and Schismatics”, The Jurist 13 (1950) 357-381. C’est essentiellement le Décret sur Tœcuménisine qui diffuse très largement le terme de “frères séparés”. Suivant le CIC, ne s’appliquant qu’aux catholiques-latins (cf. c. 1/CIC) et pour le CCEO, ne s’appliquant qu’aux Eglises orientales catholiques (cf. c. 1/CCEO), les termes des cc. 750/CIC, 1364 §1/CIC & 1436 §l/CCEO ne sont employés qu’à l’égard de catholiques sombrant dans l’hérésie, le schisme ou l’apostasie. 77 UR n° 13 fait la distinction entre ces deux groupes suivant les deux scissions principales “qui ont affecté la tunique sans couture du Christ”. Le premier groupe est constitué des Eglises orientales séparées de l’Eglise catholique, soit “par la contestation des formules dogmatiques des Conciles d’Ephèse et de Chalcédoine, soit plus tard, par la rupture de la communion ecclésiastique entre les patriarcats orientaux et le Siège romain”. Le second groupe “en conséquence d’événements que Ton a coutume d’appeler la Réforme” est constitué des “Communions, soit nationales, soit confessionnelles... séparées du Siège romain. Parmi celles qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques, la Communion anglicane occupe une place particulière”. 7S Soulignons cependant qu’à l’égard des Eglises orientales séparées, le Concile parle toujours d’Eglises d’Orient et jamais de Communautés ecclésiales orientales (cf. UR n° 14). UR n° 19 parle des “Eglises et Communautés ecclésiales et séparées en Occident”: “Etant donné que ces Eglises et Communautés ecclésiales, à cause de leur diversité d’origine et de doctrine