Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
28 GEORGES RUYSSEN vision purement juridique et institutionnelle de l’appartenance à l’Eglise catholique, on prend plus conscience des implications de l’appartenance au Corps mystique du Christ.62 Il y a donc une certaine communion avec les frères séparés. Celle-ci peut même être très étroite, bien que toujours imparfaite: Ceux qui naissent aujourd’hui dans de telles communautés et qui vivent de la foi au Christ,... l’Eglise catholique les entoure de respect fraternel et de charité. En effet, ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec l’Eglise catholique... Cependant nos frères séparés, soit eux-mêmes individuellement, soit leurs communautés ou leurs Eglises, ne jouissent pas de cette unité que Jésus-Christ a voulu dispenser à tous ceux qu’il a régénérés et vivifiés pour former un seul coips... (UR n° 3)63 Selon la Lumen Gentium la base de cette communion avec les frères séparés se situe dans le baptême et la foi au Christ64. Ceci est repris dans le Décret sur l’œcuménisme: Néanmoins justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au Christ, ils portent à juste titre le beau nom de chrétiens, et les fils de l’Eglise catholique les reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur. (UR n° 3)65 tême dûment reçu et s’ils n’ont pas rompu le lien de la foi et de la communion. Le Corps mystique du Christ s’étend donc bien au-delà de l’Eglise romaine militante.... Je regrette que ceux qui sont en dehors de l’Eglise romaine ne jouissent pas avec nous de tous les dons surnaturels dont elle est la dispensatrice. Mais je n’oserais pas dire qu’ils n’appartiennent en aucune manière au Corps mystique, même s’ils ne sont pas incorporés dans l’Eglise catholique.” ActaSy- nodalia, Vol. I Pars IV 126-127. 62 “Au niveau de la discussion de Lumen Gentium, dans la conscience des Evêques, la raison principale conduisant la Commission à l’adoption du subsistit in semble donc avoir été une réflexion sur la profondeur du mystère de la grâce.” J. Willebrands, “La signification de 'subsistit in' dans l’ecclésiologie de communion, conférence du Cardinal Willebrands le 5 mai 1987 à Atlanta (USA)”, DC 85 ( 1988) 37. 03 Cf. aussi LG n" 14: “L’Eglise sait qu’elle est unie pour bien des raisons à ceux qui, baptisés, s’honorent du nom de chrétien mais ne professent pas la foi intégrale ou ne gardent pas l’unité de la communion...” On retrouve cette notion de “certaine communion” dans le nouveau Directoire de 1993: “En effet, la plénitude de l’unité de l’Eglise du Christ s’est maintenue dans l’Eglise catholique, tandis que d’autres Eglises et Communautés ecclésiales, tout en n’étant pas en pleine communion avec l’Eglise catholique, conservent en réalité une certaine communion avec elle.” (LRU n° 18) 64 “Avec ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le Successeur de Pierre, l’Eglise se sait unie pour de multiples raisons.” (LG n° 15) 65 II est intéressant denoter que le Décret sur l’œcuménisme (URn°22), au sujet des frères séparés, préfère parler d’incorporation au Christ et non d’incorporation dans l’Eglise comme pour les baptisés catholiques (cf. LG nüs 11, 14 et 31). Il est clair qu’un frère séparé ne s’offusquera pas du fait que le Décret dit qu’il est incorporé au Christ et dans Son Eglise, tandis