Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

22 GEORGES RUYSSEN de la Réforme. Jusque-là, les Eglises luthériennes et réformées n’avaient pas de communauté de sainte Cène. Ce n’est qu’avec la Concorde de Leuenberg de 1973 que cette situation a changé.46 En effet, la Concorde de Leuenberg, conclue en 1973 entre toutes les Com­munautés luthériennes, réformées et unies en Europe, affirme que dans l’eucharistie le Seigneur “se donne sans réserve à tous ceux qui reçoivent le pain et le vin; la foi reçoit le banquet pour le salut, l’incrédulité le reçoit pour le juge­ment”.47 Ce passage indique cependant bien le tournant opéré par la tradition ré­formée actuelle: la question de la communion eucharistique est envisagée de ma­nière plus individualiste. Il s’agit de l’accueil de chacun dans sa communionper- sonnelle avec le Christ, Sauveur, alors que, du côté catholique et oriental séparé, tout en préservant la dimension personnelle de la communion au Christ, on in­siste davantage sur le caractère fraternel, communautaire, ecclésial de la com­munion eucharistique (lien corps eucharistique - corps ecclésial).48 Dès lors, les Communautés réformées insistent-elles très souvent sur le fait que c’est le Seigneur qui invite à la Cène,49 indépendamment de la Communauté à la­quelle on appartient. Comme le déclarait très fermement le président du Synode réformé hollandais lors de la visite du Pape Jean Paul II aux Pays-Bas en 1985: Nos Eglises et nos Communautés sont, dans de tels cas —anticipant sur l’unité or­ganique future - prêtes dès maintenant à accorder l’hospitalité à ceux qui veulent participer à la communion accordée par Dieu autour de sa table. Elles partent di­rectement du principe, selon nous, que Dieu est lui-même hôte à sa table: il invite, il accorde la communion... C’est pourquoi nous sommes d’avis que les formes d’hospitalité eucharistique réciproques... doivent être considérées comme un signe d’acceptation.50 46 W. Kasper, “L’engagement œcuménique de l’Eglise catholique, conférence du Cardi­nal Walter Kasper à l’occasion de l’Assemblée générale de la Fédération protestante de France, mars 2002”, DC 99 (2002) 490. 47 CHIESE DELLA RIFORMA (LUTERANE, RIFORMATE, UNITE, VALDESI E DEI FRATELLI BOEMI) IN Europa, Concordia di Leuenberg, EO vol. II n1”’ 319-367. “Egli (Gesù Cristo) si dà senza riserva a tutti coloro che ricevono il pane e il vino; la fede riceve il convito per la salvezza, l’incredulità lo riceve per il giudizio.” (n° 336) Soulignons cependant que la Concorde de Leuenberg établissait aussi un type de communion ecclésiale entre les Communautés signa­taires et donc que la communion eucharistique n’est pas totalement coupée de la communion ecclésiale. Pour un commentaire à ce sujet, cf. A. Birmele, “La Concorde de Leuenberg et sa réception”, Irenikon 72 (1999) 479-501. 4S W. Kasper, “L’identité confessionnelle: richesse et défi, conférence du Cardinal Walter Kasper au Kirchentag œcuménique de Berlin du 28 mai au 1cr juin 2003”, DC 100 (2003) 817. 49Déjà les thèses sur l’eucharistie établies à Amoldshain en 1957 par les théologiens alle­mands luthériens, réformés et unis affirmaient: “Poiché il Signore è generoso con tutti coloro che lo invocano, tutti i membri della sua chiesa sono invitati all’eucaristia...” Chiesaevange- LICA tedesca, Tesi sull'eucaristia, Amoldshain 1957, EO vol. II n° 1509. 50 Président du Synode Réformé, “Allocution en réponse au discours de Jean Paul II lors de la rencontre œcuménique d’Utrecht”, DC 30 (1985) 641-642.

Next

/
Oldalképek
Tartalom