Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

18 GEORGES RUYSSEN Là où le point de vue orthodoxe diffère de la position catholique - et qui en même temps a des conséquences pour la c.i.s. - est que l’Eglise orthodoxe s’identifie elle-même comme étant (est) Y Ecclesia Christi, n’adhérant donc pas au principe du “subsistit in” tel que défini par LG n° 833: L’Eglise orthodoxe est la véritable Eglise du Christ fondée par notre Sei­gneur. .. l’Eglise que l’Esprit Saint a établie et qu’il remplit... Elle est l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique... (n° 1.1),.. .dans laquelle sont conser­vées inaltérées la Sainte Tradition et la plénitude de la grâce salvatrice de Dieu (n° 1.18). Seule notre Eglise orthodoxe d’Orient qui a conservé inaltérée la totali­té du dépôt chrétien est aujourd’hui l’Eglise universelle (n°4.1)34. Toute l’ecclésialité est ainsi centrée sur l’Eglise orthodoxe seule. Par consé­quent, aussi pour cette raison, la communion eucharistique ne peut être ouverte à de non orthodoxes, appelés hétérodoxes, même si on affirme que le terme est “dénué de toute valeur dépréciative”35. En principe, nous pouvons conclure que, du point de vue oriental séparé, la participation aux sacrements signifie et mani­feste l’unité dans la foi et l’unité de l’Eglise. Cette unité n’existant pas (encore), la communion reste “fermée”36, dans les deux sens: un oriental séparé ne peut nés (la communion des Saints) et à la réception des espèces pré-sanctifiées (antidoron). Ceci constitue indubitablement une nourriture spirituelle. 33 “Les orthodoxes ne se considèrent pas comme une confession chrétienne parmi d’autres... ils se voient plutôt comme l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique du Credo. Ce qui exprime la formule peu nuancée: l’Eglise orthodoxe est l’unique Eglise véritable.” Gallaher, “La question” (nt. 18), 26. Ce qui fait que, contrairement à l’Eglise catholique, les Eglises orthodoxes ne reconnaissent pas divers degrés de communion ecclésiastique, plus ou moins étroite ou lâche. Cf. P. Rodriguez, “La ’intercomuniôn’ y la unidad de la fe de la Igle- sia”, Ius Canonicum 15 (1975) 353. 34 Assemblée, Principes (nt. 16), 375, 377 et 379. Assemblée, Principes (nt. 16), 375 (note introductive). Les Eglises orthodoxes n’ont toutefois pas de doctrine affirmée quant à une existence ecclésiale en-dehors de leurs propres frontières ecclésiales. “The orthodox have no clear consensus about the ecclesial and salvific character of the non-orthodox churches or the val idity of their baptism, nor do they distinguish between full and partial communion.” W. Kasper, That they May All be One: The Call to Uni­ty Today, New York 2004, 118. ''Cette intransigeance est une application du principe canonique de Vakribeia ou l’application à la lettre de la loi, qui interdit toute forme de c.i.s. en raison de l’offense portée à l’unité de l’Eglise. Par contre, dans des cas exceptionnels déterminés par l’Evêque or­thodoxe, dans lesquels une forme de c.i.s. est concédée, il s’agit de l’application du principe de l’oikonomia en faveur du salut des âmes, dans une situation d’émergence pastorale, par exemple, en cas de péril pour la vie. “Gli ortodossi... tendono a limitare l’ospitalità eucaris- tica ai casi di emergenza pastorale (per esempio, pericolo di vita), che deve essere giudicata su base di economia”. G. O’Collins-E. Farrugia, Dizionario sintetico di teológia, Roma 1995, 62. Emmanuel Lanne donne des exemples concrets dans lesquels, à côté de la rigidité de la théorie, certains Evêques orthodoxes estiment qu’une certaine hospitalité eucharis­tique est admissible par “économie”. Cf. Lanne, “Quelques questions” (nt. 17), 446^147;

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