AZ ORSZÁGOS SZÉCHÉNYI KÖNYVTÁR ÉVKÖNYVE 1963-1964. Budapest (1966)
IV. Könyvtár- és művelődéstörténeti tanulmányok. - Berlász Jenő: Horvát István könyvtárának megszerzése a Nemzeti Könyvtár számára - L'acquisition pour la bibliothéque nationale de la collection privée d'István Horvát
binaisons arbitraires, bizarres. Le but qu'il s'était fixe et auquel il a consacré toute une vie laborieuse n'a pu étre atteint. Ses efforts n'en restaient pas moins appréciables: il a rendu un grand service ä la culture hongroise par sa riche collection d'ouvrages (et de manuscrits) composée de 30 000 volumes et incorporée dans le fonds de la bibliothéque nationale. Dans la bibliothéque de Horvát se trouvaient presque tous les ouvrages significatifs qui ont paru ä Fépoque en Europe. Selon l'inventaire qui nous en est resté, la majorité de ses livres étaient du domaine de la science historique, plus précisément de l'liistoire de la Hongrie, de l'Allemagne, de la Pologne, de la Boheme, de la Russie, de l'Italie (etdes Romains), de la Gréce, de la France, l'Angleterre, des pays scandinaves, de l'Espagne, du Portugal, ainsi que de l'histoire du Proche-Orient, au cours des XVI e —XIX e siécles. La diplomatique, la numismatique, y sont aussi representees et on y trouve aussi les sources de l'histoire de l'Église. Des catalogues de bibliothéques, des ouvrages et manuels philologiques viennent s'ajouter a cette collection dont la valeur est encore augmentée par des editions contemporaines des auteurs gréco-romains, mises au point aux XVI e au XIX e siécles, et par les anciens imprimés hongrois datant de l'époque antérieure ä 1711. Un recueil de cartes géographiques compose de plus de 300 pieces complete la bibliothéque d'elements également précieux. Soulignons encore la valeur des manuscrits qui nous sont restes du legs de Horvát: un recueil de chartes du moyen áge et une collection de lettres et de documents manuscrits datant des XVII e —XIX e siécles. De cette derniére catégorie, les lettres de Giuseppe Garampi (1723— 1792), nonce du papé ä Vienne, adressées á József Koller, chanoine de Pécs sont particuliérement dignes d'attention. Les ceuvres inédites d'István Horvát, ses notes et ses matériaux rassemblés sont reliés dans plus de 800 fascicules. István Horvát est mórt en juin 1846, mais déjá un an avant, a l'automne de 1845, des mesures furent prises pour que ses livres fussent concedes, c'est ä dire vendus,á la Bibliothéque Nationale Széchényi. Notons, comme fait remarquable du point de vue de l'histoire sociale, que l'initiative concernant l'abandon de sa bibliothéque á la bibliothéque nationale ne venait pas de l'État, mais ce fut ä la société contemporaine, plus précisément aux organes du féodalisme mourant, aux comitats, que nous sommes redevables pour cette collection précieuse. Les intellectuels de l'áge des lumiéres et du romantisme, qui vivent encore dans le cadre du régime féodal, mais acceptent déjá sans réserve les idées bourgeoises dans le domaine culturel, font preuve de leur solidarité avec les nouvelles tendances scientifiques servant la cause de la nation. Et c'est encore le rőle croissant de ces intellectuels dans la vie culturelle de la société qui s'y manifeste. L'existence et le développement de la bibliothéque nationale devient de plus en plus Pintérét commun de tous ceux qui ont de l'instruction et eile commence dója á satisfaire les besoins culturels des couches plus larges. L'achat de la bibliothéque privée d'István Horvát fut naturellement effectué par l'État. Eu égard á l'offre de Miloá Obrenovié, prince de Serbie, qui voulait acheter lui-méme cette collection, Horvát en taxa le prix á 150 000 florins. Ce prix fut cependant baissé par ses héritiers, suivant le contrat d'achat du mois de janvier 1847, ä 80 000 florins. Le legs précieux d'István Horvát passa ainsi dans la propriété de ]a bibliothéque nationale, mais le gouvernement hongrois, empéché et par les difficultés financiéres dues á des crises de la politique intórieure et par la revolution hongroise de 1848/49, ne fut en etat de s'acquitter de son devoir qu'en 1852, et mérne alors selon un nouveau contrat d'achat conclu en 1847, qui diminua le prix des livres ä 60 000 florins. G'est ainsi que la Bibliothéque Nationale Széchényi, fondée en 1802 sur la bibliothéque privée de Ferenc Széchényi et augmentée vers les années 1830 par la célebre collection de Miklós Jankovich (achetóe par PAssemblée Nationale pour son compte) s'enrichissa d'une collection importante pour posséder au total presque 100 000 volumes, fonds qui lui permit de prendre son rang parmi les institutions scientifiques de l'Europe contemporaine. 264