Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 88-89.(Budapest, 1998)
GABODA, PÉTER: Un magistral bronze d'Imhotep daté de l'époque de l'institutionnalisation de son culte?
gieux (plume-chacal-boucle de cheveux) laissent perplexe et on est tenté de leur attribuer un caractère cryptographique. 91 D'après la valeur Jj(-m-htp) de la figure du chacal et wr de la boucle de cheveux, Vilmos Wessetzky a proposé la lecture « grand Imhotep ». 92 Nous pourrions maintenant proposer une nouvelle lecture du signe de la plume. Vu la ressemblance entre la forme de la plume et celle du roseau fleuri, on pourrait y voir l'emploi de l'interjection j (« Oh »), solution envisagée d'ailleurs par Wessetzky. Ainsi invoqué, Imhotep devait transmettre à t3-tnn, personnification de l'Au-delà ou d'une région céleste, 93 la demande formulée dont le sens peut être mieux précisé par la correction de l'un des signes. En effet, Wessetzky a interprété comme l'expression du verbe c k (« entrer ») le groupe de la vipère et son antre quoiqu'il s'agisse ici d'un mouvement en sens inverse (prj = sortir). Quelque peu modifiée, la demande se lit comme suit: «(...) Ta-tenen puisse lui permettre (litt.: donner) de monter (prj) au ciel pour (y) voir Rê sur son horizon et de descendre (h3j) sur terre pour (y) voir Osiris dans l'Au-delà ». C'est donc Ta-tenen qui accorde au défunt le libre déplacement selon le cycle solaire vivificateur. Il peut ainsi sortir journalièrement de sa tombe, rejoindre le Soleil levant puis, la nuit tombante, descendre dans l'Au-delà avec le Soleil couchant. 94 Le proscynème renvoie donc aux liens syncrétiques entre Rê et Osiris. A notre avis, dans ce cas Osiris n'est pas que le dieu de l'Au-delà car dans ce contexte on trouve d'habitude, à côté de Rê, les noms de divinités solaires: Amon-Rê, Atoum, etc. Conformément au syncrétisme de l'idéologie solaire et osirienne, particulièrement accentué à la Basse époque, Osiris revêt ici l'aspect du Soleil nocturne. 91 Un exemple intéressant de l'usage de l'écriture cryptographique à l'époque saïte peut être observé dans l'inscription d'une stèle datée antérieurement de l'époque ptolémaïque mais qui date, d'après l'onomastique, de l'époque saïte: il s'agit du nom et de la titulature du scribe royal Ramose, cf. Jansen-Winkeln, K., BSEG 21 (1997) p. 13-20. Dans l'inscription de la statue de Vienne du scribe royal Horemakhbit fils de Kham-Khonsou (voir dossier no. 1) on rencontre aussi des signes cryptographiques, cf. Rogge, op. cit. p. 9,3. 92 Par suite de l'alternance phonétique r:n, le mot wr a pu remplacer la boucle-wnw à l'époque saïte, cf. Verhoeven, U., Das saitische Totenbuch der Iahtesnacht. P. Colon. Aeg. 10207, 1, Bonn 1993, p. 7.2.1. Dans le sens inverse, la boucle a pu avoir la valeur phonétique wr (« grand »). 93 D'après les chapitres 15h (1.5) et 180 (1. 7) du Livre des Morts, le défunt est admis dans l'empire des morts par son père Ta-tenen. Dans la douzième heure du Livre de la Nuit, le défunt descend de la région céleste nommée ta-tenen. Sur la mention d'une référence juste avant l'époque saïte, cf. Roulin, G., Le Livre de la Nuit... II, Göttingen 1997, p. 335-36. La popularité de Ta-tenen à l'époque saïte est illustrée notamment par le pectoral de la statue de Neferibrê-men représentant la figure du dieu portant les deux plumes sur la tête, cf. Stewart, H. M., Egyptian stelae, reliefs and paintings from the Pétrie Collection III, Warminster 1983, no. 132 (UC 14663). 94 Dans le proscynème à structure parallèle le verbe prj est toujours mentionné avec le verbe h3j, cf. Barta, op. cit., requête no. 67. (Le verbe aq va de pair avec prj, cf. loc. cit., requête no. 115). Ce désir de circuler librement dans l'Au-delà est exprimé dans plusieurs chapitres du Livre des Morts, dont le chap. 178. Sur une variante saïte de ce dernier, cf. Sadek, A. L, GM 115 (1990) p. 85-98. La traduction des lignes 3-4: « que tu ailles et que tu viennes (prj=k h3j=k) dans la Terre sacrée, selon le désir de ton coeur » (et la fin correctement: « journalièrement »).