Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)

EÖRSI, ANNA: Fuit enim Maria liber. Remarques sur l'iconographie de l'Enfant écrivant et du Diable versant l'encre

Esprit veillait à ce que la facture du manuscrit fût parfaite, et le livre fut finalement relié dans les lanières de la discipline et de la foi. 31 Le Moyen Age a attribué à Albert le Grand (t 1280) le traité De Laudibus B. Mariœ de Richard de Saint-Laurent, qui compare Marie à un livre : ses lettres sont les vertus de la Vierge, son contenu est le Christ, et il a été écrit par la plume du Saint-Esprit, trempée dans l'encre noire de la mortalité humaine. 32 Dans une chanson attribuée à tort à Heinrich von Meißen (Frauenlob, t 1318), Marie se présente comme le livre scellé de sept sceaux de Y Apocalypse V, 1. L'évêque de Prague Ernst von Pardubitz (t 1364) identifie le liber generationis de Mat­thieu I. 1, avec la Vierge : le doigt de Dieu y aurait ainsi inscrit le Messie annoncé par Isaïe. 34 Aux yeux du théologien tchèque Johannes Milicius von Kremsier (t 1374), la Vierge est un livre béni par Dieu, écrit avec foi et justice par le Saint-Esprit ; ce bonus liber non seulement contient les paroles de la foi et de la vertu, mais a aussi engendré le Verbe incarné, le Rédempteur de l'humanité. 35 Selon Jourdan de Quedlinburg (t 1380), le sein de la Vierge est le livre auquel nous devons la naissance terrestre, inscrite dans la temporalité, du Logos divin. L'élément humain de l'acte de l'incarnation est symbolisé par le stylus hominis d'Isaïe VIII, 1, guidé par trois doigts du Saint-Esprit. 36 Avec Anto­nin de Florence (t 1459), nous nous éloignons dans le temps et dans l'espace du legs artistique étudié. L'évêque de la ville de l'Arno établit un parallèle entre les livres et Marie en invoquant que ceux-là contiennent le savoir et la sagesse, tandis que la Vierge est porteuse de la somme de la sagesse divine, à savoir du Fils de Dieu. 37 La grande majorité des textes cités se réfèrent à la célébration de la naissance de Marie, et mettent généralement l'accent sur le sein immaculé de la Vierge. A l'instar de Pierre de Celle, plusieurs auteurs insistent sur les analogies entre la fabrication du parchemin (séparation, dépilage. nettoyage de la peau, lissage, réglage, pointillage du papier, etc.), et la préparation du sein de la Vierge, que les vertus rendront progressive­ment digne de renfermer la sagesse divine. 38 Il s'agit ici des phases successives de la sanctification du sein maternel. 31 « ... superviens quoque Spiritus sanctus, hanc Scripturam illuminât. Tandem ligandus est liber iste grandis, disciplinas et religionis angelica; corrigiis... » Ibid., col. 719. 32 De laudibus B. M. V, I. 12, c 7,4 : « Fuit enim Maria liber. .. Sic ergo Spiritus sanctus Verbo scripsit, dum ejus cooperatione caro Verbi fuit in utero virginali formata ». Cité par Hilg, H., Das « Marienleben » des Heinrich von St. Gallen. Text und Untersuchung, München 1981, p. 326. 33 « Ich bin daz buoch daz Jôhan sach im trône, vor gotes stuol versigelt rehte schöne, mit siben slôzen wol bewart : nieman was der ez dâ torste entsliezen ». Cité par Richter, D., Die Allegorie der Pergamentbearbeitung. Beziehungen zwischen handwerklichen Vorgängen und der geistichen Bildersprache des Mittelalters, in Fachliteratur des Mittelalters. Festschrift für Gerhard Eis, Hg. von Keil et alii, Stuttgart 1968, p. 89. 34 Arnesti archiepiscopi Prag. Mariale c. 85. Cité par Wattenbach, W.,Das Schriftwesen im Mittelalter, Graz 1896. p. 209 : « ... scriptum est in ea digito Dei Verbum illud abbreviatum, quod fecit Dominus super terram... ». 35 Cité par Schreiner, op.cit., 1970, p. 1451. 36 Jordanus de Quedlinburg, Sermones Argentorati 1484 sermo 157. Cité par Schreiner, op.cit., 1970, p. 1452. 37 Summa theologica. Pars 4., tit. 15, cap. 15 (De nativitate sanctœ Mariœ). Cité par Schreiner, op.cit., 1970, p. 1457. Ibid., pour les exemples ultérieurs. 38 Ernst von Pardubitz, op. cit., loc. cit.; Meister Heinrich, cité par Schreiner, op.cit., 1970, pp. 1454­1457; Heinrich von St. Gallen, « Marienleben » (1410/20), cité par Hilg, op. cit., pp. 132-143; Antonin de Florence, cité par Schreiner, op.cit., 1970, p. 1458.

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