Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)
EÖRSI, ANNA: Fuit enim Maria liber. Remarques sur l'iconographie de l'Enfant écrivant et du Diable versant l'encre
//. Pell is virginea (parchemin vierge) Le mot grec logos désignait à l'origine le livre ou le rouleau de parchemin luimême. 17 Depuis Jean I, 1 (Inprincipio erat verbum...), le rouleau symbolise le Logos, le Verbe, et c'est en tant que tel que l'Enfant le tient dans sa main sur maintes représentations byzantines de la Vierge à l'Enfant. La thèse de Ringbom et de Gorissen - selon laquelle l'iconographie de l'Enfant écrivant serait en rapport avec celle des Christ au rouleau des images byzantines de la Vierge - ne manque pas de vérité, mais celle-ci se trouve ailleurs qu'ils ne le pensaient. Je reviendrai encore à ce que le rouleau à inscription tenu par l'Enfant deviendra, à l'époque du trecento, un motif proleptique renvoyant au Rédempteur adulte. Par contre, la représentation de l'Enfant qui écrit effectivement est liée à l'Incarnation. Sur certaines représentations byzantines ou italo-byzantines de la Madone, le rouleau a déjà symbolisé non le Logos, mais le corps de la Vierge, puisque, en dernière analyse, c'est elle qui contient le Verbe. Ephraim de Syrie (t 373) appelle la Vierge « écriture scellée », dont aucun mortel n'est capable de déchiffrer les secrets. 18 La poésie mystique célèbre la Vierge comme « livre vivant du Christ ». « scellé par l'Esprit » ; elle est « le livre scellé, dont le texte n'est connu que du gardien du sceau luimême ». elle est « le rouleau de texte, dans lequel le Logos fut imprégné sans écriture aucune ». etc. 19 « Là [sur le Sinaï], la Parole de Dieu avait gravé la loi sur des tables de pierre, par l'Esprit, ce doigt divin : ici, par l'action de l'Esprit-Saint et par le sang de Marie, la Parole elle-même s'est incarnée et s'est donnée à notre nature comme un remède de salut plus efficace », dit saint Jean Damascene (t 754) dans une homélie écrite à la naissance de la Vierge. 20 Par conséquent, la couleur rouge du rouleau de texte des Madones à l'Enfant byzantines et italo-byzantines se réfère au sang de Marie. 21 Sur une icône du XII e siècle de la Vierge de Tendresse, Jésus tient derrière son dos le rouleau rouge « wie einen neu erworbenen Besitz ». 22 La remise par Marie du rouleau (cette fois couleur chair) à son enfant devient le motif central de la Sainte 17 Birt, Th.. Das antike Buchwesen in seinem Verhältnis zur Literatur, Berlin 1882. pp. 28, 447 et 448 ; Birt, Th., Die Buchrolle in der Kunst, Leipzig 1907, p. 69. 18 V. Kalinowski, L., Der versiegelte Brief. Zur Ikonographie der Verkündigung Maria, in Ars Auw Prior. Studio Ioanni Biatostocki Sexagenario dicata, Varsovie 1981, pp. 161-169 (166). 19 Belting, op. cit. pp. 324-326. 20 Saint Jean Damascene, Homélies sur la Nativité et la Dormition, Ed. P. Voulet (Sources chrétiennes n" 80). Paris 1961, pp. 60-61. Cf. Ephraim de Syrie : « Moïse tenait jadis les tables de pierre, écrites par son Seigneur ; Joseph respecta et vénéra la table pure, demeure du Fils du Créateur. » Cité par Lehner, H. F. A. von, Die Marienverehrung in den ersten Jahrhunderten, Stuttgart 1881, p. 274. 21 Belting, op. cit.(n. 16) p. 326. P. ex. Athènes, Musée byzantin, XII e s., fig. 177 ; Icône de Chypre ( ?) : vers 1290. Washington D. C, National Gallery of Art, Mellon coll., The Glory of Byzantium. Artaud Culture of the Middle Byzantine Era A. D. 843-1261, New York 1997, n° 262; Berlinghieri: Vierge à l'Enfant, vers 1230, New York, Metropolitan Museum of Art, The Glory...op.cit., n° 321, p. 486 ; Coppo di Marcovaldo : Madonna del Bordone, Sienne, Santa Maria dei Servi ; Vierge à l'Enfant, Orvieto, San Martino ai Servi. Bologna, F., Les Origines de la peinture italienne, Leipzig 1963, fig. 62, 64, etc. 22 Athènes, Musée byzantin. Belting,op. cit. pp. 326, 647 (note 79), 648 (note 120), The Glory...op.cit., n" 71 ).