Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)
EÖRSI, ANNA: Fuit enim Maria liber. Remarques sur l'iconographie de l'Enfant écrivant et du Diable versant l'encre
Squilbeck met l'accent sur le rôle d'intermédiaire de Marie ; selon cet auteur, la Vierge à l'encrier dicterait à son enfant la liste des rachetés par son intercession. Squilbeck rejoint P. Kronenburg (qu'il ne connaît lui non plus que d'ouvrages de référence), qui y a vu une interprétation du verset 14 du Chapitre II de YEpître aux Colossiens de Saint Paul (« Il a effacé l'acte rédigé contre nous et [...] il l'a supprimé en le clouant à la croix. »). Il ajoute que les Madones à l'encrier sont souvent porteuses des symboles de la Vierge immaculée : c'est une Marie pure des taches du péché originel qui mène l'humanité sur la voie du salut. 5 A propos de la dite « première scène de dédicace » du Livre d'heures de Bruxelles (fig. 11), Panofsky note que le peintre y a humanisé la notion ancienne de la Mère de Dieu identifiée au « trône de la sagesse » (sedes sapientœ). D'après lui, les exemples ultérieurs de ce type auraient des traits analogues avec les représentations de la Vierge enseignant son enfant. 6 Réau identifie aussi « la Madone à l'encrier » avec « la Vierge apprenant à écrire à son enfant ». 7 Vetter fait remarquer que les interprétateurs ont négligé les aspects formels en attachant trop d'attention aux prétendues sources littéraires. Selon lui, le long rouleau de la Vierge de la « Korbgasse » (fig. 22) « dient der „Sichtbarmachung" des Wortes. Es liegt nahe, an den Anfang des Johannesevangeliums zu denken. Das et verbum caro factum est is „übersetzt" in die Sprache der mittelalterlichen Kunst : wie das Pergament eine Möglichkeit bietet, das Wort als Erscheinung zu fassen, so verleiht Maria dem Logos Gestalt. » 8 Beeh attribue à saint Bernard de Clairvaux la paternité spirituelle du type en question. Il rejoint Feigel en voyant lui aussi une allusion aux souffrances à venir et à la Rédemption dans le thème de l'Enfant qui écrit selon lui avec une plume trempé dans du sang. 9 Tout comme Vetter, mais indépendamment de lui, Ringbom estime qu'il ne faut pas chercher à tout prix des influences littéraires dans l'apparition de l'Enfant écrivant, issue d'une modification de l'image de dévotion byzantine de YHodigitria. Le rouleau que le Christ tient à la main gauche - et qui symbolisait à l'origine \e Logos - s'ouvrira progressivement dans les tableaux des peintres du trecento. « The Madonna of the Writing Christ Child [...] is one of several possible variations of the Madonna where Christ holds a book ». 10 5 Squilbeck, J., La Vierge à l'encrier ou à l'Enfant écrivant, Revue Belge d'Archéologie et d'Histoire de l'Art 19 (1950) pp. 127-140 (138-139). 6 Panofsky, E., Early Netherlandish Painting. Its Origin and Character, Cambridge (Massachusetts) 1953. pp. 47-48,99-100. 7 Réau, L., Iconographie de l'art chrétien, II. II, Paris 1957, p. 100. H Vetter, E. M., Mulier Amicta Sole und Mater Salvatoris, Münchner Jahrbuch der bildenden Kunst 91 10 (1958/1959) pp. 37-71 (63). 9 Beeh, W., Die Iversheimer Muttergottes mit dem schreibendem Christuskind, Jahrbuch der Rheinischen Denkmalpflege 24 (1962) pp. 95-122 (112-115). 10 Ringbom, S., Icon to Narrative. The Rise of the Dramatic Close-up in 15th Century Devotional Painting, Abo, 1965, p. 61.