Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)
SZILÁGYI, JÁNOS GYÖRGY: Secrets cachés au fond des réserves
Tithonos provient de Campanie, peut-être - comme les autres vases attiques aux figures rouges achetées à la même occasion - de Noie ou de Capoue. Cela serait d'autant moins surprenant que parmi les cinq amphores à site identifié du même peintre, deux sont originaires de Nola, une de Suessula (le quatrième et le cinquième viennent respectivement de Vulci et de Ruvo, ce qui, comme on le verra bientôt, ne contredit nullement cette hypothèse). Un stamnos mis à part, le Peintre de Tithonos n'a décoré que deux types de vases : de petites amphores de Noie et des lécythes. La spécialisation des céramographes pour certaines formes de vases était un phénomène courant dans la céramographie ancienne. La préférence simultanée de ces deux formes s'explique aussi par l'étroite parenté des tâches artistiques de la décoration : le champ à orner des amphores dites « de Noie » mesurant 30 à 35 centimètres au plus et celui des lécythes les plus communes posaient les mêmes problèmes et offraient les mêmes possibilités à leur décorateur. 32 Cependant les peintres de vases du quartier athénien du Céramique devaient obéir en premier lieu à des impératifs commerciaux et non esthétiques. Cela signifie que les ateliers tenaient compte de l'évolution générale de la mode en adoptant ou en modifiant partiellement les formules consacrées, mais ils devaient aller au-delà de cette exigence, en cherchant en même temps à se façonner un « profil » les distinguant nettement de leurs rivaux - jusqu'aux limites de leurs possibilités - en trouvant une clientèle stable qui avait manifesté son désir, directement ou par agents interposés, d'acheter leurs produits - c'est-à-dire à se créer un marché régulier au sens antique du terme. Cela nous conduit à deux questions qui nous intéressent aussi dans la mesure où nous voulons déterminer la place historique du Peintre de Tithonos. Premièrement, il s'agit de savoir quels sont les peintres dont l'œuvre reflète le rôle eminent, durant la période allant de 490 à 450 av. J.-C. environ de la peinture de vases à figures rouges, des deux types de vases mentionnés, et la manière dont cette orientation se traduit sur le plan artistique. Cette lignée d'artistes commence avec le Peintre de Berlin qui a décoré divers types de vases pendant les quatre décennies de sa carrière, mais en premier lieu des amphores « de Noie » - surtont, pourtant pas exclusivement, dans sa phase tardive d'après 480 - et un nombre impressionnant de lécythes (les vases participant de ces deux types représentent plus d'un tiers de toute sa production artistique). Il est certain qu'il a été le premier artiste important qui a popularisé leur décoration à figures rouges. 33 Ces deux types ont été souvent traités aussi par le Peintre de Dutuit et tiennent une place non négligeable dans l'œuvre du Peintre de Pan, bien que l'intérêt de ces deux artistes ait été moins exclusif que celui du Peintre de Tithonos. De nombreux maîtres pré-classiques des amphores « de Noie » et des lécythes - dont les œuvres datent pour une bonne part de la même époque et auxquels Beazley consacre tout un 32 Beazley, J. D., Attic Vase Paintings in Boston II, 1931, p. 41; Id. The Pan Painter, Main/. 1974 (publié d'abord en allemand en 1931 ), p. 7. 33 Beazley, The Berlin Painter, op. cit. (v. supra, note 23), p. 8 ; Robertson, op. cit. (v. supra, note 13), p. 73.