Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
PASSUTH, KRISZTINA: M. H. Maxy, figure clé de la peinture roumaine du XXe siecle et l'avant-garde internationale
au début des années 1920. La ressemblance est particulièrement nette avec la Femme devant le miroir de 1913 (œuvre détruite depuis lors), où la figure féminine réalisée de différents matériaux (bois, plaque de métal, etc.) est disposée devant un miroir réel. 61 Par son coloris Medrano II d'Archipenko, datant de la même année, 62 rappelle également le nu de Maxy. La figure schématisée se tourne à droite, et son port, ses gestes sont aussi mécaniques que chez celle de Maxy. Il y a quand même une différence fondamentale entre les deux artistes. Archipenko construit ses reliefs à partir de la surface, pour obtenir des formes dans l'espace. Le nu de Maxy, par contre, attire le regard vers l'intérieur de l'œuvre, en y révélant, en y suggérant d'innombrables couches sous-jacentes, et crée de la sorte une étrange et ambivalente impression de profondeur en trompe-l'œil. La conception de Maxy ressemble à celle de Nikolaus Pevsner, le peintre-sculpteur russe, qui vit à Berlin en même temps que lui et participe à la Première exposition d'art russe à l'automne de 1922. L'influence concrète de Pevsner sur Maxy ne peut être prouvée, mais la parenté de leur vision du monde saute aux yeux, en particulier dans le cas du Nu à l'idole de ce dernier. Les deux artistes, explorent les profondeurs successives de l'œuvre à partir de la surface, grâce aux couches transparentes qui se coupent, et donnert l'illusion de multiples cavités creusées dans le corps de la figure représentée. Les œuvres de Pevsner sont réalisées en celluloidé - ce qui leur prête une transparence et une profondeur réelles - tandis que le tableau de Maxy crée naturellement cette impression par des procédés picturaux. Dans une zone particulière de la peinture, la profondeur s'accentue encore davantage: là où derrière un cadre ( ou bien une boîte ?) que tient la figure féminine, d'autres profondeurs s'ouvrent, comme si nous plongions à l'intérieur de la figure. Un autre élément insolite de cette œuvre est l'idole faisant partie intégrante de la figure féminine, mais en différant complètement quant à ses proportions. La tête de ce personnage minuscule, coloré de brun rougeâtre comme le nu, rappelle clairement un masque africain, et ses proportions écrasées renvoient également à des statues nègres. Etant à la mode dans le Berlin des années 1920, comme à Paris au début de siècle, Maxy pouvait les apercevoir aux expositions de la Galerie Der Sturm, dans l'appartement de Waiden ou à d'autres galeries. Rien ne prouve mieux sa fascination pour ces objets caractéristiques de l'art primitif que la présence, aux côtés des tableaux, de masques originaires de Ceylan et d'Asie de l'Est à l'exposition de Contimporanul organisée par lui en 1924. 63 Le Salon ouvert en novembre 1924 est l'événement majeur de l'histoire de l'avantgarde roumaine. Pareille manifestation internationale (avec la participation des artistes d'Europe Centrale et de l'Est) n'eut lieu après 1920 qu'une seule fois; en avril de la 61 A. Archipenko : Femme devant le miroir, 1913, bois, verre, métal, miroir peint, 210 cm, perdu, cf. Nagy, L, Archipenko, Budapest 1980, fig. 22. 62 A.Archipenko : Medrano II, 1913 (?), bois, verre, métal, tissu peint, 126 cm Musée Salomon R. Guggenheim, New York. 63 Prima Expozitie Internationale, Bucarest 1924. Le catalogue de l'exposition est publié par Contimporanul 50-51 (1924). Les œuvres originaires d'Asie de l'Est et de Ceylan figurent sous les numéros 124-129.