Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
FÁY, ANDRÁS: Le dilemme d'une mise au jour. La restauration de VAutoportrait d l'artiste avec sa femme et son fils par Johann Kupezky
de son art du portrait subtil et épanoui. Ici le mode de représentation, l'agencement complexe mais équilibré des motifs, la qualité et le soin extrême qui se manifestent dans le rendu des figures sont en outre censés traduire son attachement aux êtres aimés et l'harmonie de sa famille. Les figures représentées L'enfant au centre du tableau est le fils de l'artiste, Johann Christopher, né en 1716 à Vienne, qui, d'après la représentation, devait être âgé de 2 à 3 ans. Ce fait a permis de situer la création de l'œuvre entre 1718 et 1719. Très vraisemblablement, il s'agissait là de la dernière pièce de la série d'autoportraits réalisés à Vienne par Kupezky qui, en 1723, s'installa à Nuremberg. Fils unique de l'artiste, Johann Christopher disparut jeune, à l'âge de 17 ans, atteint de la variole. Son décès survint le 6 novembre 1733. 9 Quoique jeune, il était très cultivé et plein de talents, sachant fort bien dessiner et peindre, jouant des instruments musicaux et s'exprimant en latin, en grec et en allemand. Kupezky fonda de grands espoirs sur lui, et le vit en continuateur de son métier. En dehors du triple portrait, il le fit figurer dans maints autres tableaux réalisés ultérieurement. 10 Le portrait de Budapest est la première et peut-être la plus belle image connue de l'enfant. Tout y est magistralement exécuté, depuis le somptueux habit rouge garance, rappelant les costumes Renaissance, jusqu'au bonnet vert olive, en passant par les yeux bleus étincelants et le regard gentil et ouvert dans un visage encadré d'un panache. L'aisance et la vivacité avec lesquelles Kupezky met en place les couleurs lui permet par exemple de modeler le visage d'un seul jet, ce qui, dans le cas d'un si petit enfant, exige de l'artiste beaucoup de concentration et d'agilité (fig. 9). 11 La femme du peintre, Susanne Klaus, est vue de front, avec le regard dirigé légèrement de côté. L'artiste l'épousa le 6 janvier 1710 à Vienne. Elle était la fille de Benedikt Klaus qui avait accueilli Kupezky dans sa maison et son atelier, l'avait formé et l'avait aidé dans ses premiers travaux. Plus tard, lorsque Kupezky quitta l'Italie pour Vienne en 1709, il y a retrouvé la fille de son maître et bienfaiteur, devenue déjà orpheline qui vivait dans une grande misère. Il décida de lui offrir l'hospitalité et, peu de temps après, de l'épouser. Leur mariage n'était pas heureux. En contraste avec sa réussite matérielle et sa popularité parmi les habitants de Vienne, Kupezky connut de nom9 C'est en sa qualité de témoin que Fiissli raconte l'accablement de l'artiste devant la mort prématurée de son fils. Kupezky perdit également sa fille en bas âge et avait du mal à se résigner à toutes ces tragédies. En vieillissant, il devint aigri et, de temps en temps, traversa des moments de dépression profonde. 10 L'un de ses portraits les mieux connus se trouve au Landesmuseum de Braunschweig. Il fut exécuté vers 1729 à Nuremberg, lorsque Christopher avait 12 ans. On y voit l'artiste attablé et, à sa gauche tout près de lui, son fils debout une partition à la main. Sur la table, il y a encore un clavicorde partiellement représenté. La composition de la peinture figure aussi dans la célèbre suite de gravures de Bernhard Vogel, réalisées d'après les tableaux de Kupezky. Vogel, B., loannis Kupetzky incomparabilis artificis imagines etpicturae..., Nuremberg 1745. V. Safafik, op.eit. (n.3.) fig. 16. 11 Voir la photographie sous rayons ultraviolets du visage (fig. 9) qui révèle que, malgré la fluidité du pinceau, la surface picturale est très riche en tons et que toutes les couches plus profondes ont également été réalisées en une seule phase.