Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)

BÁNFFY, ESZTER: Nouvelles trouvailles de la civilisation Vinca dans la collection des Antiquités

tait volontiers des femmes excessivement plantureuses, comme par ex. dans le cas des idoles steatopyges de la civilisation de Körös-Starcevo-Karanovo I du néolithique an­cien. Tout aussi surprenant est que les seins des idoles figurant des femmes enceintes sont sans exceptions petits, parfois même inexistants. Pour celui qui fabriquait et celui qui contemplait l'idole, l'indication de la grossesse était plus importante que sa repré­sentation conforme à la nature, autrement dit, l'idée passsait devant la représentation. Le modelage bâclé des bras écartés, ornés de bracelets mais raccourcis et dépour­vus de mains renvoie également à une représentation symbolique de la figure. C'est ce qu'on observe sur chacune des idoles de Vinca aux bras écartés: ce qui importait c'était le geste qui découvrait le corps, refusant de le protéger, ou alors exprimait la puissance ou la bénédiction, tandis que la représentation fidèle du bras et de la main n'intéressait personne. 22 La forme de la tête traduit la même conception. Les dimensions mêmes du corps, sa grandeur insignifiante par rapport à la tête mettent en valeur cette dernière. Les yeux protubérants et le nez rappelant un bec d'oiseau, deux traits canonisés que l'on re­trouve sur chaque figure ne peuvent pas être considérés comme une tentative de repré­senter le visage humain de façon naturaliste. En parlant de l'expression du visage des idoles, M. Gimbutas a distingué les aspects d'oiseau, de grenouille et de canard de la Grande Déesse, aspects qu'elle croit retrouver dans la mythologie de ce qu'elle appelle la Vieille Europe. 23 Au lieu de cette hypothèse attrayante il est à mon avis plus raison­nable d'avouer qu'on ne comprend pas pourquoi cette forme bizarre du visage, du nez et des yeux s'est maintenue. A en juger par le rebord du visage, les idoles portaient tous des masques. Les idoles à masque étaient répandus non seulement dans la civilisa­tion de Vinca mais sur l'ensemble du territoire d'Europe Centrale, partout où l'on trouve de la céramique à décor incisé, et cette tradition a été observée aussi dans la civilisation de la Tisza, voisine septentrionale de la civilisation tardive de Vinca. Il importait apparemment que le vrai visage de la figure reste caché. Son aspect stylisé portrait probablement une signification abstraite que la représentation même ne tradui­sait pas. 24 Il n'est pas impossible que cette signification ait de temps en temps changé, et que ce changement ait été exprimé par des accessoires, notamment des masques ou des coiffures en matière organiques appliqués sur le visage à l'aide de trous. On con­naît un exemple bizarre de la face interchangeable impliquant un changement de signi­fication dans une figure sans tête de Vinca tardif provenant du site Liubcova-Ornita qui tient son masque sous le bras. 25 Le trou qui se trouve à la place de la tête indique 22 Le bras plié et la main posée sur la hanche de l'autre type caractéristique sont tout ausi peu soignés. Le geste semble diriger l'attention sur le ventre gravide. 23 Gimbutas, M., The Goddesses and Gods of Old Europe. Myths and cult images, London 1982; Gimbutas, M., The language of the Goddess, London 1989. 24 II faut ici évoquer l'opinion de Lévi-Strauss qui pense qu'il est illusoire de supposer comme le font encore aujourd'hui nombre d'ethnographes et historiens de l'art qu'un masque peut être interprêté unique­ment sur la base de ce qu'il représente. Un masque ne peut jamais être inteiprêté en lui-même...et avant tout il n'est pas ce qu'il représente mais bien ce qu'il transforme, donc il ne représente visiblement pas v. Lévi-Strauss, C., Der Weg der Masken, Frankfurt/Main 1977. pp. 131-132. 25 Luca, S.A.-Dragomir, I., Daten über bis jetzt unbekannte Statuette von Liubcova-Ornita (Kreis Karas Severin). Banatica 9 (1987) pp. 30-42, 36. fig. 4.

Next

/
Oldalképek
Tartalom