Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 83. (Budapest, 1995)
KOVÁCS, ZOLTÁN: Un motif de genre a la lumiere de la tradition: Le Joueur de vielle aveugle et les enfants
UN MOTIF DE GENRE À LA LUMIÈRE DE LA TRADITION: LE JOUEUR DE VIELLE AVEUGLE ET LES ENFANTS Parmi les récentes acquisitions de 1994 du Musée des Beaux-Arts se trouve une huile sur bois de petit format, 1 achetée dans une collection particulière de Budapest (fig.37). Le tableau fut enregistré en 1971 sur la liste des œuvres d'art classées comme travail d'un anonyme flamand de la fin du XVI e siècle. Au centre du tableau, on voit un mendiant aveugle qui, accompagné de son chien et muni d'une vielle, gagne son pain en faisant le tour des villages et des villes. La scène représente une rue de village avec, au fond, des figures vaquant à leurs occupations quotidiennes; sur la droite, des gens sont en train de saigner un porc, sur la gauche, une femme au bonnet blanc, accoudée à la fenêtre, donne de l'aumône à une mendiante appuyée sur sa canne et le panier au bras, en face de laquelle un homme, coiffé d'un chapeau, contemple, assis devant la maison, les événements. Au millieu de ce tohu-bohu s'avance le mendiant entouré d'une flopée d'enfants bruyants, c'est le liereman, personnage familier du quotidien de l'époque. Abstraction faite de quelques détériorations mineures affectant surtout les bords, l'état de conservation du tableau peut être jugé satisfaisant. Sous la couche de vernis légèrement jaunie, la surface picturale demeure homogène pour l'essentiel. Juste quelques traces de repeints et de retouches de moindre importance s'observent entre autres au visage de l'homme au chapeau, assis à l'extrémité gauche, au bâtiment qui se dresse derrière lui et à la figure accoudée à la fenêtre. Ce qui saute aux yeux avant tout, c'est le caractère graphique de l'œuvre, dû en partie à la fréquente apparition du dessin préliminaire de dessous la couche de peinture, et en partie à la minceur extrême et à la transparence à maints endroits de la surface picturale. Une autre caractéristique est que, par endroits, la préparation n'a pas été recouverte de peinture par l'artiste qui a manifestement voulu en exploiter la tonalité claire lors de la composition des couleurs (figs. 38-41). Dans les photographies en infrarouge (I.R.R.), on peut fort bien reconnaître le dessin délicatement tracé au pinceau fin par une main experte, qui indique les grandes lignes de la composition (figs. 42-43). 2 L'on remarque au premier coup d'œil la parfaite disposition spatiale du tableau. En encadrant la scène d'un bâtiment de part et d'autre, et en choisissant comme théâtre une rue qui serpente vers le fond, le peintre dirige le regard vers le personnage central, le 1 N" d'inv.: 94.1 ; huile sur bois de chêne, 43 x 61 cm. 2 Pour son aide fournie dans l'analyse technique du tableau, je tiens à exprimer mes remerciements au restaurateur en chef, M. Miklós Szentkirályi. Les photos des détails et en infrarouge ont été prises par Sándor Szilágyi.