Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 82. (Budapest, 1995)
EISLER, JÁNOS: Dans l'atelier de Verrocchio
soutiennent la demi-figure du Christ. Pourtant à Florence - comme l'atteste la représentation de Mater Dolorosa et de saint Jean l'Evangéliste sur le relief inférieur du tabernacle de San Lorenzo par Desiderio da Settignano daté de 1460-61 - la composition la plus répandue n'est pas celle où le Christ de douleurs se trouve encadré d'anges. Parmi les antécédents de notre terre cuite, Jolán Balogh énumère également des exemples iconographiques toscans où le Christ a à ses côtés sa Mère et son Disciple. 26 La proposition avancée par Mária Aggházy selon laquelle le monument funéraire devrait être reconstitué selon une structure à plusieurs niveaux, suscite bien des réserves. Premièrement, dans les traditions toscanes, on voit apparaître en intercesseur au-dessus du défunt la Vierge avec l'Enfant et non pas le Christ de Ylmago Pietatis, même dans le cas des monuments funéraires humanistes plus ambitieux à programme iconographique complet. Deuxièmement, son assertion relative à l'appartenance initiale de la terre cuite de Budapest au monument funéraire de Tornabuoni à Rome repose sur diverses hypothèses concernant l'identification des jeunes "visages d'ange". Or, la reconstitution intégrale de ce monument est peu fiable, 27 et divers arguments judicieux infirment que le relief de marbre au Bargello en aurait autrefois fait partie. Comme on sait, la reconstitution d'une partie du monument funéraire de Tornabuoni que nous pouvons voir aujourd'hui dans le mur de la première voussure en traversant la nef latérale gauche de l'église Santa Maria Sopra Minerva à Rome a été effectuée principalement sur la base du dessin réalisé par Heemskerck. Or en raison de ses multiples transferts au cours du XV e siècle, des dommages subis à la suite des inondations, la composition primitive du monument nous reste à peu près inconnue. (Heemskerck, Römisches Skizzenbuch, Berlin, Kupferstichkabinett, vol. I. fol. 43 verso.) D'ailleurs, si l'on épousait la logique de Mária Aggházy, on pourrait s'interroger à juste titre sur la nature de la division du travail dans l'atelier de Verroeehio où l'assistant se voit charger de sculpter un relief de marbre (la pièce conservée au Bargello est enregistrée comme un travail d'atelier), tandis que le maître s'occupe apparemment d'un modello en simple terre cuite de VImago Pietatis, tout en laissant à un autre élève le soin d'en réaliser les figures secondaires. La réponse à cette question serait que le chef d'atelier avait certainement à exécuter un bozzetto. La littérature spécialisée se montre cependant extrêmement réservée quant à la participation effective de Verroeehio à la réalisation du monument funéraire de Francesca Tornabuoni à Rome. Faute de cela, rien n'étaye plus la thèse d'une éventuelle attribution de l'ébauche de toute Ylmago Pietatis (bozzetto en terre cuite; c'est-à-dire les œuvres de Budapest et d'Ohio) à Verroeehio. Le corps du Christ en demi-figure présente un développement inégal. Face à l'expressivité dramatique du regard, à l'arrangement décoratif de la chevelure tout en boucles et surtout le modelé extrêmement précis des mains aux doigts élégamment effilés, le rendu de la taille et des jambes ainsi que du linge couvrant les hanches est tout à fait grossier, presque schématique. L'agencement des mains, le port sophistiqué des doigts évoquent le style de la fameuse statue de marbre, la Dame aux primevères dont 26 Robertson, G., Giovanni Bellini, Oxford 1968, p. 54; Exemples de sculpture: Cardcllini, I., Desiderio da Settignano, Milano 1962: Firenze, San Lorenzo, tabernacle, vers 1460-61, figs. 217-225; Dussler, L., Benedetto da Majano, München s.d., pp. 52-53, pl. 27, fig. 35: Prato, Cathédrale, Madonna deirOIivio, daté vers 1480. 27 Ouvrage de référence pour la reconstitution: Burger, Fr., Das Florentinische Grabmal bis Michelangelo, Strassbourg 1904, pp. 234-235, 394 et suiv. fig. 133, puis Egger, H., Francesca Tornabuoni und ihre Grabstätte in S. Maria Sopra Minerva, Wien 1934, fig. 1., pl. II; dernièrement Sciolla, G. C, La scultura di Mino da Fiesole, Torino 1970, p. 130. La littérature la plus récente sur Mino à Rome: Shelley, E.Z., Mino da Ficsole First Roman Sojourn, in Verroeehio and Late Quattrocento Italian Sculpture, ed. Bulc, S. et Dar, A., Firenze 1992, pp. 304-319.