Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 80-81. (Budapest, 1994)
BODNÁR, SZILVIA: Un tableau inconnu de Hans Bock le Vieux
volumineuse du rocher à gauche, écrasant quasiment les personnages de la scène, suggère de même qu'à l'origine elle devait s'intégrer dans un champ pictural plus vaste. D'une part, les similitudes découvertes entre ces deux peintures, d'autre part, les rapports de la scène de pêche avec un dessin fait par Hans Holbein le Jeune fournissent des éléments supplémentaires pour mieux connaître la méthode créatrice de Hans Bock. La scène de baignade de Bâle est peuplée de figures schématiques à physionomie fort semblable. 4 La parenté est encore plus manifeste entre ces personnages et ceux figurant dans la scène de pêche : ainsi, l'homme barbu, s'appuyant contre le garde-fou à l'arrièreplan à gauche du tableau de Bâle, réapparaît au second plan de l'autre scène, plongeant sa main dans un filet. Outre leurs traits analogues, ils adoptent la même posture aux épaules relevées, comme si Bock avait choisi exprès une situation lui permettant de faire épouser une pose identique aux deux personnages masculins, qu'il s'agisse de se conformer à des préfigurations ou bien de copier sa propre solution antérieure. On peut établir des parallèles non moins directs entre certains visages communs aux deux tableaux : le profil de la dame entrant de droite dans la baignade rappelle celui de l'homme du couple nu observant la pêche de l'arrière-plan; la physionomie des deux personnages masculins portant une couronne de laurier dont l'un joue de la flûte et l'autre fait la pêche accuse aussi une nette similitude. La tête fortement retouchée de la figure féminine en robe rouge qui se dresse au milieu de la toile de Budapest - compte tenu de l'identité du port, du fichu et du chignon relevés - devait ressembler initialement à celle de la dame portant son verre à la bouche au plan intermédiaire de l'oeuvre de Bâle. Le visage de la dame esquissant un sourire dans l'angle gauche inférieur de la scène de baignade fait écho à celui de la figure féminine en robe de parade, située au premier-plan du tableau de Budapest. Ce personnage que son habit isole des autres au point de paraître étranger à eux, de détonner par rapport à l'ensemble, fut copié d'après le dessin de Hans Holbein le Jeune par Bock qui ne prit même pas la peine d'en changer les dimensions. Il est difficile de savoir aujourd'hui si sa présence joue un rôle iconographique dans la Pêche, s'il se rattache à un quelconque autre élément du fragment manquant, ou bien si la raison de l'artiste de fermer la partie gauche du premier-plan par ce motif décoratif était un but en lui-même. Plus tard, lors de l'exécution des fresques murales de l'Hôtel de Ville de Bâle de 1608 à 1611, Bock se servit de la même feuille de Holbein pour réaliser 1 ' une des figures féminines de la façade. 5 Le dessin conservé autrefois dans la collection de Basilius Amerbach (fig.60) 6 fait partie de la série présentant les différents costumes de Bâle due à Holbein. Amerbach 4 Cf. par exemple le visage de la femme assise à droite au plan intermédiaire, tenant un livre de musique à la main et celui de la figure déchiffrant également des notes à Pavant-plan à droite. 5 Heydrich, C, Die Wandmalereien Hans Bocks d.Ä. von 1608-1611 am Basler Rathaus, Bern/Stuttgart 1990, pp. 77-80. Bien que certains chercheurs aient hésité, par le passé, à attribuer ce détail souvent repeint de la façade à Bock, Heydrich tient pour vraisemblable, en raison justement des rapports établis avec Holbein, que la figure féminine en robe de parade provient de la fresque murale de Bock. La présence de cette figure dans la Pêche confirme l'hypothèse avancée par Heydrich. 6 Plume, pinceau, encre noire, lavis gris, 290 x 196 mm, Bâle, Öffentliche Kunstsammlung, n u d'inv.: 1662.145. Müller, C, Hans Holbein d.J., Zeichnungen aus dem Kupferstichkabinett der Öffentlichen Kunstsammlung Basel, Basel 1988, n"39. On connaît deux copies de ce dessin: la première, due à Dietrich Meyer (1572-1658), a surgi en 1964 dans le commerce d'art à New York, la seconde, réalisée à la fin du XVI e siècle par un copiste anonyme, suit fidèlement les dimensions et le format de l'original. (Sotheby's New York, le 15 janvier 1982, n"83).
