Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 78. (Budapest, 1993)

MOJZER, MIKLÓS: In memoriam Andor Pigler

échappé. Visiblement dépité il se moqua en riant de lui-même. Il était resté jusqu'à sa mort le bel homme qu'il avait toujours été. Têtu lorsqu'il y allait de ses principes, il ne connaissait pas la vanité personnelle. C'était un puritain — presque à la façon d'un Luther dont tout jeune il avait abandonné la foi pour se reconvertir à la religion plus ancienne. Rempli de scrupules, il cherchait dans sa vie tout autant que dans son travail la précision et la fermeté. Un long et heureux mariage lui permit de mener une vie retirée, presque secrète au sein de sa famille, non loin du Musée des Beaux-Arts, seul théâtre et but de son activité. Il savait bien le latin, comprenait les grandes langues du monde et, à l'exception de l'espagnol, les parlait aussi, mais voyagea relativement peu. C'est là la raison pour laquelle peu de gens le connaissaient personnellement. On le classait en général instinctivement parmi les collègues alle­mands, alors qu'il lui arrivait rarement de quitter Budapest même pour quelques semaines. Tout et jusqu'à son prénom contribuait à occulter sa personne. Andor est une ancienne forme hongroise d'András, Andreas, forme patinée et entourée d'un halo particulier, impossible à rendre dans une autre langue. Peu de gens aussi connaissaient son humour sec, parfois ironique. Il savait parler aux enfants et communiquait dans une langue choisie et avec beaucoup de gentillesse avec son entourage qui dépassait à peine le cercle de ses collègues. Ce dont il ne parlait jamais c'étaient sa personne et sa carrière scientifique. Lorsque Pigler entra au Musée, János Wilde en était parti depuis deux ans. Il eut donc comme supérieur Simon Meiler qui à son tour se retira en 1924, et dont l'élève et collègue, Edith Hoffmann dirigea le Cabinet des Dessins et Estampes jus­qu'en 1945. D'ailleurs Wilde comme Melier gardèrent jusqu'à leur mort la nostalgie du lieu de travail de leur jeunesse. Les deux décennies (1914-1935) pendant les­quelles Elek Petrovics fut directeur général du Musée fournirent un excellent cadre pour la création d'un musée fonctionnant à un niveau scientifique moderne, capable d'organiser des expositions d'époques variées. La Galerie des Maîtres Anciens était subordonnée jusqu'en 1927 à Gábor Térey, suivi dans cette fonction par Andor Pigler qui conféra à ce département jusqu'aux années 60 son caractère et sa dignité, et décida de son sort. Pigler était profondément attaché à l'ensemble de la Galerie et à chacune de ses œuvres. Il concevait pour elles un sentiment qu'on ne peut appeler qu'amour. Ce n'était pas la joie impérialiste-impériale d'un manager de nos jours, mais celle des rencontres spirituelles, celle que connaissent les meilleurs amateurs et fidèles de l'art. Pigler cherchait dans l'intimité des œuvres la paix individuelle qu'elles communiquent, et c'est cette même intimité, cette même paix qu'il aurait voulu voir assurées autour des œuvres dans le département et les collections. Or l'époque et l'endroit se prêtaient très mal à la réalisation de cet objectif. N'empêche qu'il était prêt à assumer tous les travaux, toutes les tâches — qu'ils fussent petits ou grands —• sans aucun doute pour l'amour des choses, à cause, précisément, de leur poésie. A cet égard c'était un amoureux gauche, taciturne, qui s'attelait volon­tiers même aux menus travaux, ambitionnant la perfection dans l'intérêt du service qu'il avait accepté. Afin de pouvoir être avec « ceux » qu'il aimait et s'occuper d'eux à sa guise, il traça une limite rigoureuse autour de lui, et s'occupait lui-même de tout, à partir du règlement de la Galerie jusqu'aux détails de l'accrochage et de la restauration des œuvres en passant par les problèmes de l'encadrement, et la totalité (telle qu'elle était exigée à l'époque) de la documentation. Son attention,

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