Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 78. (Budapest, 1993)
VERŐ, MÁRIA: Les monuments de la sculpture d'albâtre anglaise
par des scies conformément aux dimensions déterminées préalablement (le lieu de rencontre des traces de scie partant des deux côtés peut être observée au dos des panneaux même achevés). 9 Ensuite, les différentes scènes furent dessinées à l'aide de patrons, sur les panneaux taillés, et peints par la suite de couleurs vives. Les reliefs furent finalement fixés sur des supports en bois dans les ateliers de menuiserie qui travaillaient en étroite collaboration avec les ateliers d'albâtrier. La peinture fut exécutée soit par le sculpteur, soit par le menuisier. Nous avons des données à notre disposition dans les différentes sources pour les deux cas. L'autel achevé, il fut transporté soit sur mer soit sur terre. Les témoignages d'un commerce d'albâtre important survécurent en Islande, en France, en Espagne, en Italie, en Dalmatie et sur le littoral de la mer Baltique. 10 La pratique de la production en série et de la préfabrication des autels fut liée à un système iconographique fixe. Le plus souvent, les sujets représentés sur les autels furent la Passion et les cinq joies de la Vierge, plus rarement, l'histoire de la vie d'un saint. Pour le second cas, le retable illustrant la vie de saint Jacques est un bon exemple ; l'œuvre fut commandée pour l'église de Saint-Jacques-de-Compostelle. 11 La sculpture des statues et des autels d'albâtre continua sans interruption jusqu'au XVI e siècle. Sous le règne du roi Henri VIII, les idées iconoclastes de la Réformation mirent fin à cette activité florissante. La loi de janvier 1550, qui invita la population à l'iconoclastie, encouragea tout particulièrement la destruction des statues d'albâtre. 12 Par conséquent, les autels et les statues disparurent des églises, ils furent généralement vendus à des prix extrêmement bas ; 13 pour les sauver, ces œuvres ecclésiastiques de grande valeur furent transportées à l'étranger, 14 emmurées ou enfouies. 15 La destruction était tellement efficace que la sculpture d'albâtre anglaise, autrefois si importante, tomba dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Ce ne fut que dans la seconde moitié du XIX e siècle que l'attention se porta sur les reliefs de petites dimensions redécouvertes en Angleterre ; en 1910, les œuvres 9 Cheetham, op. cit. (n. 2) fig. 14, pp. 24, 26 ; Hildburgh, W. L., Journal of the Walters Art Gallery 17 (1954) p. 33, fig. 13. 10 En 1382, le légat du pape, Cosmato Gentiiis, reçut l'autorisation du roi Richard II pour transporter à Rome quatre statues : une Vierge, un saint Paul, un saint Pierre et une Sainte Trinité de petites dimensions. Il est probable que les sculptures de saint Pierre et de saint Paul — qui se trouvent actuellement à l'église Sta Croce in Gerusalemme de Rome — proviennent de ce lot ; cf. Middeldorf, U., Art in America 16 (1928) p. 199 et suiv. et Cheetham, op. cit. (n. 2) p. 41. En Islande, des documents ont survécu concernant le commerce d'albâtre anglais —islandais. Pitman, op. cit. (n. 1) p. 218 et p. 227 ; Cheetham, F., Country Life 1979, p. 37. 11 Cet autel a été offert à l'église comme cadeau en 1456 par John Goodyear, prêtre de l'île de Wight. Pitman, op. cit. (n. 1) p. 219 ; Un autel récemment découvert représente le martyre des saints : F. Cheetham. A fifteenth-century English alabaster altar-piece in Norwich Castle Museum, The Burlington Magazine 125 (1983) p. 356 et suiv. 12 Cheetham, op. cit. (n. 10) p. 38. 13 Cheetham, op. cit. (n. 2) p. 31. 14 En 1550, Sir John Mason, ambassadeur d'Angleterre en France, informa son pays que trois ou quatre bateaux, chargés d'« imagos », étaient arrivés d'Angleterre, et qu'ils allaient vendre leurs marchandises à Paris, à Rouen ou ailleurs. Pitamn, op. cit. (n. 1) p. 218 ; Cheetham, op. cit. (n. 10) p. 38. 15 Une grande partie des statues et des reliefs découverts en Angleterre n'ont survécu que de cette façon ; et de temps à autres, il y en a encore qui sont découverts : Hildburgh, op. cit. (n. 9) p. 2.