Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 77. (Budapest, 1992)
KOVÁCS, ZOLTÁN: Trinitas in Hominis Specie. Quelques remarques a propos de l'iconographie des représentations antropomorphes de la Trinité
à moins que, comme cela arrive parfois, cette place ne soit réservée au Saint Esprit. R Lorsque c'est le Fils qui est placé au milieu, les artistes ne se soucient souvent pas de distinguer les deux autres personnes. C'est ce que l'on voit par exemple sur une miniature bruxelloise exécutée vers 1390 (fig. 28) ou sur une des gravures du livre illustré de Heinrich Seuse (Suso) de 1482. 7 Dans le cas de la peinture de Budapest, ce sont les gestes extrêmement éloquents qui peuvent servir de points de repère pour l'identification des deux figures latérales. Celle de gauche est probablement le Père qui met la main sur l'épaule du Fils, comme pour illustrer le texte du Psaume II : « Dominus dixit ad me : Filius meus es tu : ego hodie genui te ». Logiquement la figure de droite serait donc le Saint Esprit dont le geste semble exprimer un rapport moins étroit avec le Christ. La représentation comporte nombre d'autres éléments (trône, tiare, pierres précieuses) qui ont une valeur symbolique et une signification secondaire. 8 La tiare, triple couronne des papes surmontée d'une croix est connue sous sa forme actuelle depuis le début du XIV e siècle. Les trois couronnes ont plusieurs explications. D'une part elles symbolisent la Trinité, de l'autre elles renvoient aux trois ordres du royaume de Dieu. 9 Considérée dans un contexte plus large, la couronne est l'insigne du pouvoir des souverains du ciel et de la terre, mais de par son contenu symbolique elle est aussi l'emblème de la Jérusalem Céleste. 111 Dans l'art, la tiare apparaît d'abord sur la tête du Père au XIV e siècle, plus tard on la rencontre aussi en rapport avec la Trinité. A partir des XV e-XVI e siècles les artistes en coiffaient volontiers les trois personnes de la Trinité antropomorphe." Le trône est également symbole du souverain, mais surtout celui de Dieu, le juge suprême. « L'Éternel règne à jamais / Il a dressé son trône pour le jugement » (Psaume 9.8) « Ton trône, ô Dieu, est à toujours / Le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité » (Psaume 45/44.7) — lisons-nous dans l'Ecriture Sainte. Le trône de la divinité, tel que le virent Isaïe (6.1) et Ezechiel (1.26 ; 10.1) est l'expression de la majesté à laquelle le monde est soumis, et rappelle à celui qui le contemple la présence éternelle de Dieu en trois personnes. 12 Le saphir bleu qui orne les parois latérales du trône, ainsi que les agrafes des manteaux symbolise entre autres la pureté, l'espoir du salut. Moïse entrevit sous les pieds de Dieu un « ouvrage de saphir transparent » (Exode 24.10). Dans les visions d'Ézéchiel le saphir est une des pierres préG Didron, A. N., Christian Iconography. The History of Christian Art in the Middle Ages 2, New York 1968 2 , fig. 150 ; cf. Hackel, A., Trinilät in der Kunst, Berlin 1932, pp. 92-93. 7 Bruxelles, Bibl. Royale, 9001, 19 r ; The Illustrated Bartsch. German Book Illustration Before 1500, 83. (Part IV : Anonymuos Artists 1481-82), ed. by W. L. Strauss-C. Schüler, New York 1982, p. 509. 8 Cf. Panofsky, E., Reality and Symbol in Early Flemish Painting : « Spiritualia sub metaphoris corporalium », in Early Netherlandish Painting 1, New York-Evanston-San FranciscoLondon 1971, pp. 141-48, pp. 411-17. 9 Ferguson, G., Signs and Symbols in Christian Art, New York 1955 2 , pp. 287-88. 10 Lexikon der christlichen Ikonographie 2, hg. von E. Kirschbaum, Rom-Freiburg-BaselWien 1970, pp. 659-61. (Par la suite LCI) ; cf. Forstner, D., Die Welt der Symbole, InnsbruckWien-München 1967 2 , pp. 412-13. 11 Cf. Panofsky, E., Once more "The Friedsam Annunciation and the Problem of the Ghent Altarpiece", The Art Bulletin 20 (1938) pp. 437-42 ; cf. LCI 4, pp. 313-15. 12 Künstle, K., Ikonographie der christlichen Kunst 1, Freiburg i.B. 1928, pp. 559-60 ; Forstner, op. cit. (n. 10) pp. 451-52 ; cf. LC1 3, pp. 304-13.