Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 76. (Budapest, 1992)

NYERGES, ÉVA: La Madeleine pénitente du Greco a Budapest

que nous retrouverons chez le Greco. Une très belle analyse des rapports et des différences de ces œuvres sur le plan spirituel a été faite par Sándor Léderer. 10 Pour en revenir aux modèles vénitiens du Greco, la représentation en gros plan du saint solitaire et pénitent a pu être directement inspirée par deux œuvres de Jacopo Bassano, Saint Jean dans le désert (Bassano, Mus. Civico) et Saint Jérôme (Venise, Gall. delPAccademia). 11 La manière de peindre que Pon retrouve dans ce dernier a également pu influencer la genèse du style qui a caractérisé le Greco ayant atteint sa maturité artistique. Les Madeleines pénitentes et méditatives de la peinture vénitienne des dernières décennies du XVI e siècle présentent de nombreuses analogies avec la toile de Budapest. La Madeleine du Prado de Paolo Veronese, peinte en 1583, ressuscite pratiquement la tradition des Vénus de Paris Bordone, 12 mais la Madeleine pénitente de Domenico Tintoretto 13 (Rome, Pal. dei Conservatori) que Ton estime avoir été peinte dans le courant de la dernière décennie du siècle est également appa­rentée à la Madeleine du Greco sur le plan spirituel, bien qu'il soit peu probable que Domenico Tintoretto ait pu connaître cette dernière. Chacune des deux œuvres laisse deviner une peinture d'après modèle (c'est ce que révèle par exemple le modelé des bras), mais les regards se désintéressent du monde terrestre pour se tourner vers la vision. La toile du Greco représente un degré encore plus élevé de cette forme d'abstraction. La comparaison avec 1'œuvre de Domenico Tintoretto indique pour­tant d'une façon claire que, vingt ans après la Madeleine du Greco, la représentation de la sainte n'avait, à Venise, subi aucune métamorphose essentielle. La lettre du Titien datée du 14 avril 1531 à Venise nous apprend comment il exécuta, à la commande du duc Frederico Gonzaga passée un mois auparavant, une Madeleine pénitente. 14 Le 2 avril 1561, le Titien écrit à Philippe II, roi d'Espagne: « Ho apparecchiato una pittura della Maddalena la quale si appresentera innanzi con le lagrime in su gli occhi, e supplichevole per Ii bisogni del suo divotissimo servo. » 15 On ignore actuellement la localisation de cette œuvre. LC Le 24 août 1564, Philippe II commanda au Titien un tableau pour l'autel de l'église Saint-Laurent de l'Escurial représentant le Martyre de saint Laurent qui fut terminé dans le courant de l'hiver 1567. Du point de vue de la composition, le tableau n'était en fait qu'une reprise de son œuvre exécutée vers 1559 et gardée à Venise à l'Eglise des Jésuites. 17 Nous ne connaissons pas exactement la date de l'arrivée du Greco à Venise. Elle a dû avoir lieu en 1567 car les documents écrits nous prouvent qu'il y travaillait déjà le 18 août 1568. 18 Pour lui, Titien était non seulement le plus grand maître vé­10 Léderer, S., Greco sz. Magdolnája a Szépművészeti Múzeumban (La Madeleine du Greco au Musée des Beaux-Arts), A Mûbaràî 13-14 (1921), pp. 247. 11 Pallucchini, R., Bassano, Bologna 1982, n° 24; Moscini, Marconi, S., G allelic delTAcca­demia di Venezia. Opère d'Arte del secolo XVI, Roma 1962, n° 10. ]- Pignatti, T., Veronese I-II, Venezia 1976, cat. 269. 13 Colasanti, A., Galerie du Capitule, Roma 1911, XV., pl. 56. 11 Fabbro, C.-Gandini, C, La correspondenza diretta di Tiziano Vecellio, Belluno 1977, lettre n° 16 (non autographe). 15 Ibid. Lettre n° 149. lfi Ibid. (n. 3). JT Wethey, op. cit. (n. 9), pp. 139-140, cat. 114 115. 18 Constantoudaki, M., Dominicos Théotocopoulos (El Greco) de Candie à Venise. Docu­ments inédits 1566-68, Thesaurimeta 12 (1975) pp. 292-308.

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