Varga Edith szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 70-71. (Budapest, 1989)
SZILÁGYI, JÁNOS GYÖRGY: Echo Lysippea
de graphie de Nicétas, évidente, l'Héraclès de Tarente est attribué unanimement à Lysippe, et le scheme formel et la conception spirituelle typiquement lysippiques peuvent être reconstruits avec certitude dans l'ensemble. Pour ce qui est de la forme plastique, il est évident que c'est le scheme traditionnel rendu monumental: la pondération des mouvements des bras et des jambes 32 et le plan conventionnel « troué » vers l'avant, ainsi que la composition multiface qui conduit le spectateur à tourner autour de la statue, devaient être les traits fondamentalement nouveaux de l'œuvre (et c'est la raison pour laquelle les représentations bidimensionnelles n'ont qu'une valeur documentaire secondaire). Ce que la statue voulait exprimer, c'était, de l'avis unanime de tous ceux qui la regardaient et l'imitaient, une idée caractéristique de l'époque classique tardive et de Lysippe ; notamment la représentation du héros qui se repose replié sur lui-même mélancolique et épuisé des luttes dont il est sorti glorieux ; l'ampleur des formes, la grandeur du corps et l'ostentation des muscles, minutieusement représentés, contribuaient à mettre en relief l'effet tragieo-cathartique de cette lassitude inerme et découragée. Pour terminer, constatons que les traditions littéraire et archéologique concordent pour témoigner de l'influence de grande envergure de la statue lysippique, influence qui n'a jamais cessé d'agir depuis, durant toute la période (environ 1500 ans) écoulée entre la réalisation et la destruction de l'œuvre de Lysippe. Cette influence n'est pas toujours facile à suivre, quant à son acheminement et à ses formes, mais là où apparaît le motif après l'exécution de l'ouvrage du maître, il s'agit avant tout d'une influence directe ou indirecte, plus ou moins forte de la statue de Lysippe. Cette influence est abondamment attestée lors de la période durant laquelle la statue est parvenue à Rome, puis à Byzance. Rares sont, par contre, et c'est remarquable, les traces d'un écho à l'endroit même où elle a été primitivement érigée ou dans la sphère artistique de ce lieu. Ceci est d'autant plus frappant que le choix du sujet était loin d'être accidentel, ce qui ne laisse plus aucun doute : le héros avait son culte à Herculeum Tarentum? 3 en tant qu'ancêtre mythique de la ville, 34 et, ce culte devait probablement aussi présenter des traits orphiques. 35 La statue de bronze de Hambourg, citée plus haut démontre bien que le type du colosse-Héraclès lysippique était connu même à Tarente plus d'un siècle avant Lysippe. 36 C'est ce qui amène les chercheurs à supposer que l'œuvre de Lysippe était la reprise d'un motif local traditionnel, 37 ce qui voulait dire là, comme si souvent dans des cas pareils, que la statue revêtait un sens nouveau. Malgré tout cela, on n'a pas encore réussi à trouver une œuvre qui dépende avec certitude de la statue de Lysippe dans l'art de Tarente : la monnaie d'or d'Héraclèe, datée d'env. 280 et considérée comme la première reproduction connue de la statue, 32 Picard, Ch., Manuel d'archéologie grecque, La sculpture IV. 2, Paris 1963, p. 569. 33 Verg. Aen. III. 551. 34 Les sources : Gianelli, G., Culti et miti délia Magna Orecia, Firenze 1924, pp. 6, 38-41 ; sur la continuation du culte sous la domination romaine v. Moreno, op. cit. (n. 25 ci-dessus), pp. 184-185. 35 Bayet, J., Les origines de l'Hercule romain, Paris 1926, pp. 379-414 ; cf. Détienne, M., RHltel 158 (1960) p. 19 et suiv. Picard, op. cit. (n. 32 ci-dessus), p. 569, n. 1, affirme que le placement de la statue sur l'Acropole de Tarente est une preuve qui montre que là, Héraclès était adoré comme dieu. Strabon (VI. 278) parle de la statue de Lysippe explicitement comme d'un ex-voto (anathema) , et bien qu'il ait été peu plausible que l'on sache encore à ce propos quelque chose de sûr à cette époque-là, il n'est guère probable que la statue ait été une image de culte, et en tout cas, son érection à l'Acropole ne constitue pas en elle-même une preuve du culte pour le dieu Héraclès. 36 V. n. 30 ci-dessus. 37 Langlotz, loc. cit. dans le n. 21, p. 225 et, en accord avec lui, Moreno, ibid., p. 294.