Szabó Miklós szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 66-67. (Budapest, 1986)

NAGY, ÁRPÁD MIKLÓS: Un vase a visage de l'époque impériale

par rapport à ceux des provinces pourrait être interprétée de façon que la liaison inhérente entre la tête et le vase (elle avait existé dans certaines régions déjà beaucoup plus tôt) ait pu apparaître sous une forme nouvelle, dans la céramique, influencée par le modèle italien. Il est impossible de déterminer la destination du vase de Budapest (et c'est le cas de la majorité des autres pièces aussi). Il se peut que le visage serve à transformer le vase en tête î 38 peut-être le couvre-t-il comme un masque. 39 Il peut évoquer un être divin qui exerce un pouvoir sur le contenu du vase (de même que les vases de Bès en Egypte). Il reproduit peut-être les traits d'un dé­funt dont les cendres auraient été mises dans le gobelet servant d'urne (comme par exemple les canopes étrusques de Clusium), — évidemment, en conséquence de la ressemblance des visages, 40 la notion de la représentation d'une personne doit être interprétée d'une façon complètement différente de celle de nos jours. Il n'est pas impossible enfin que ce type de vase se soit inspiré uniquement de la similitude qui existe entre les formes d'une tête et d'un vase (tout comme dans le cas des cruches hongroises nommées Miskakancsô). 41 Compte tenue p. ex. de la variété des circonstances dans lesquelles ces pots ont été trouvés ces diverses interprétations — auxquelles d'autres pourraient s'ajouter sans doute — de­vaient toutes coexister à l'époque de l'Empire, et le même objet pouvait être in­terprété de plusieurs façons: „Sum figuli lusus, rufi persona Batavi / quae tu derides, haec timet ora puer" (Mart. XIV. 176). Quoi qu'il en soit, le vase de Bu­dapest dont le fabricant n'était certainement pas identique à son utilisateur, de­vait appartenir, aux yeux de celui qui le regarde aujourd'hui, à la sphère funé­raire. Le visage rappelant un masque par le façonnement en relief, le „réalisme grotesque" de ses traits (M. Bahtyin), les yeux à mi-clos et la bouche qui va s'ouvrir lui évoquent tous l'idée de l'au-delà. ÁRPÁD M. NAGY 38 Un ouvrage fondamental sur la conception des civilisations grecque et romaine concernant la tête (le siège de l'âme qui survit au corps, en gardant toutes ses capa­cités): Onians, R. B., The Origins of European Thought, Cambridge 1954; le recueil le plus abondant des sources et objets celtiques sur ce sujet: Ross, A., Pagan Celtic Bri­tain, London—New York 1967. 61—126. 39 II est probable que le mot „persona" se rapporte dans un poème de Martial à un vase à visage: XIV. 176. (il est ainsi interprété déjà par Schumacher, loc. cit. — supra note 10 — 347). Sur les changements de sens du mot persona: Rheinfelder, H., Das Wort Persona, Beihäfte zur Zeitschrift für romanische Philologie 72, Halle 1928. (ce poème de Martial n'y est pas traité). Sur le masque en général v. Meuli, K., Ge­sammelte Schriften I. Basel—Stuttgart 1975. 33—299, surtout 251—275. 40 Sur ce sujet v. l'étude magistrale de M. Mauss in Sociologie et anthropologie, Paris 1966. 333—364. 41 Argument de ce type p. ex. Devoto, G., Avviamento alla etimológia italiana, Firenze 1968. 429.

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