Garas Klára szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 60-61. (Budapest, 1983)

HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNA: Deux portraits de Goya. Manuela Ceán Bermúdez et José Antonio de Caballero

DEUX PORTRAITS DE GOYA MANUELA CEÁN BERMÚDEZ ET JOSÉ ANTONIO DE CABALLERO Au cours des décennies suivant l'achèvement de l'édifice du Musée des Beaux Arts de Budapest trois oeuvres de Goya enrichirent ,,1'école espagnole", représentée déjà par des oeuvres remarquables. 1 De ces nouvelles acquisitions deux sont des portraits, la troisième est une sorte de scène de genre, désignée par le maître comme capriccio, représentant une bande de brigands à l'attaque. 2 Les portraits présentent l'intérêt particulier que le premier, celui de la Senora Ceán Bermúdez (fig. 86) 3 est une oeuvre relevant encore du goût du rococo, apparentée, quant à ses formes, aux cartons de tapisserie, tandis que le portrait de Caballero, exécuté en 1807, est une oeuvre de routine du maître déjà mûr. Même les deux modèles sont situés aux deux pôles de la large échelle qui carac­térise la société espagnole du XVIIP siècle. Juan Augustin Ceán Bermúdez s'insère dans le rang des partisans des idées éclairées, du libéralisme, du pro­gressisme politique, économique et artistique; le marquis José Antonio Ca­ballero est décrit par ses contemporains comme une personnalité intrigante, réactionnaire, ignare, versatile. Son nom figure, certes, souvent dans des mé­moires, dans des oeuvres historiques, mais sans le portrait de Goya il serait depuis longtemps oublié. Bien que la composition des portraits montre à peine de différence, la ma­nière du tracé, le coloris révèlent clairement les expériences picturales acquises pendant les plus de trois décennies entre leur exécution. Les deux personnages sont assis dans un fauteuil, tournés à gauche et représentés jusque en bas de la taille. Leur étude procure au spectateur, versé dans l'art de Goya et dans les conditions économico-politico-historiques de cette époque, de nombreuses infor­mations concernant et les personnes représentées et les conditions en Espagne, dont le maître se servait, consciemment ou non, pour représenter avec ses propres moyens le monde qui l'entourait. Le mari de Senora Ceán Bermúdez se prépara jadis à la carrière de peintre comme élève de Mengs. Son nom est cependant connu comme auteur de livres sur l'art, bien que, dans les années 1780, il prît une part active à la vie économique à Madrid. 4 Goya était de ses 1 La synthèse de l'histoire de la collection espagnole du musée se trouve dans: H. Takács, M.: Peinture espagnole des primitives à Ribera. Budapest, 1982. 2 Attaque de brigands (auparavant: Scène de la guerre d'indépendance espagnole) T. 69X107,5 cm. Acheté en 1912. Cf.: P i g 1 e r, A.: Museum der Bildenden Künste Budapest. Katalog der Galerie Alter Meister. Budapest, 1967. 398—399. 3 121X84,5 cm. De la collection de Marqués de Casa Torres. Acheté en 1908 à Vienne à la firme H. O. Miethke. Cf.: P i g 1 e r, A.: op. cit. 279—280. 4 Nous ne possédons pas de biographie complète de Ceán Bermúdez, bien qu'il fût un des éminents contemporains de Goya en tant qu'écrivain et comme homme politique. Les données dispersées sont réunies en grandes lignes par F. J. Sanchez

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