Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 30. (Budapest,1967)
HARASZTI-TAKÁCS, MARIANNE: Compositions de nus et leurs modeles
par Weixlgärtner et visible aujourd'hui encore à l'exposition du musée d'Innsbruck (fig. 39) pourrait aussi bien être le modèle d'une gravure allemande du XVI e siècle, utilisé pour figurer soit comme nos premiers parents, soit comme Venus et Mars ou autres personnages non vêtus. On sait — théoriquement — que Dürer avait préparé un tel mannequin servant à ses études des proportions du corps, et qu'il l'avait représenté dans un dessin, aujourd'hui à Dresde. 21 Dans les sources littéraires figurent trois mannequins qui sont mis en rapport avec le nom de Dürer. L'un existe aujourd'hui encore. Il a apparu, à la fin du XIX e siècle, dans la collection de Conde Valencia de Don Juan qui l'avait acheté à la veuve d'un sculpteur. Le mannequin masculin est, en 1950, passé au Prado et de là à Tolède) dans la Casa del Greco. 22 Sur l'écrin de sapin original du petit bonhomme, haut de 23,7 cm, Sanchez Canton a trouvé trois étiquettes. Sur l'une on lit «Maniqui di Alberto Durero», écrit avec des lettres du XVI e siècle. La deuxième porte également le nom de Dürer, écrit avec des lettres du XVII e siècle, tandis que sur la troisième, un fragment on lit «Corrado». 23 Le mannequin fut, en 1892, exposé à Madrid, à l'Exposición HistoricoEuropea, et sa photographie fut publiée dans le guide illustré de l'exposition. 21 Par son type il ressemble aux mannequins de Berlin, d'Innsbruck et de Leipzig, publiés, en 1954, par Weixlgärtner. Du deuxième mannequin on ne sait rien d'autre qu'il a été, en 1657, apprécié à 100 florins hollandais dans l'inventaire du legs de Johannes de Renialme, marchand objets d'art d'Amsterdam, où il a figuré comme un «half houten mannetje van Albert Dürer». 25 Le troisième mannequin a disparu. Le mannequin féminin, haut de 9 cm et ressemblant à celui de Madrid, fut publié, en 1864, par son ancien propriétaire, le Viennois Alexander Posonyi,-''' selon qui il provenait de la célèbre collection Praun de Nuremberg, où il était conservé jusqu'en 1801. A ce qu'on dit, c'est d'Andréas Dürer, le frère cadet du maître, qu'il a passé au Cabinet Praun. Ce ne sont pas seulement les dessins et les gravures de Dürer qui permettent de conclure à l'existence de ces mannequins. Ceux-ci étaient en circulation déjà à la fin du XVI e siècle, et justement en rapport avec le nom de Dürer. Leur utilisation comme modèle des représentations de nus dut être chez les nations nordiques, où le modèle vivant était pour des raisons religieuses, pédagogiques, même climatiques, plus difficilement accessible, très courant non seulement comme modèles des sculpteurs, mais aussi comme instrument de travail des peintres et artistes graphiques. C'est ce qui explique la raideur, l'exactitude anatomique péniblement méticuleuse des nus des maîtres dirigeants ci-haut cités, ainsi que l'effet inanimé qu'ils font malgré toute leur plasticité. Nous ne possédons aucune donnée relative à l'utilisation de tels mannequins à l'époque gothique. Toutefois, la représentation de nus passait auparavant pour une rareté et les oeuvres des artistes du moyen âge ne révèlent ni l'utilisation des modèles vivants ni des modèles plastiques artificiels. Pourtant les sculpteurs du moyen âge finissant ont connu de tels tant dans les Pays-Bas que dans les territoires allemands, car les sculpteurs allemands du nord ont 21 Weixlgärtner, A.: Dürer und die Gliederpuppe. Op. cit., pp. 141, 143. 22 Sanchez Canton, F. J.: Un maniqui del Siglo 16. Archivio Espafíol de Arte, XXV, 1952, pp. 101 et suiv. 23 M i c h i e 1, E. : Deux mannequins en bois du XVI e siècle. Gazette des Beaux-Arts, tome 31, 1904, pp. 135 et suiv. 24 Las Joyas de la Exposición Historico-Europea. Madrid, 1892, pl. CX. 25 B r e d i u s, A. : Künstler Inventare. Haag, 1915—1922. V, 1915, I, p. 239. 26 Handzeichnungen nebst zwei plastischen Werken von A. Dürer. Wien, 1864.