Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 28. (Budapest,1966)

GARAS, CLAIRE: Giorgione et giorgionisme au XVIIe siecle. III.

l'intermédiaire d'Alvarez, les tableaux sont passés, avant 1690, en France où leur sort peut être nettement suivi dans les collections les plus importantes de l'époque dans celles du Marquis de Seignelay, du Duc d'Orléans et de Pierre Crozat. Le banquier Pierre Crozat a rassemblé sa collection avec une compétence et une circonspection particulière, à partir des années 1710 jusqu'à sa mort survenue en 1740, et nous devons considérer sa collection, comprenant environ 400 tableaux et presque 10 000 dessins, comme l'une des collections d'objets d'art les plus importantes de tous les temps. La publication de gravures, éditée entre 1729 et 1742, dite Recueil Crozat, et le catalogue de la vente de l'année 1755 nous permettent d'identifier environ six tableaux de l'ancienne collection Muselli passés en la possession de Crozat, dont aussi le portrait d'homme ci-haut cité, enregistré comme l'oeuvre de Giorgione. 0 Ce dernier est mentionné dans l'itinéraire d'art du peintre anglais Jonathan Richardson, paru en 1722, comme se trouvant dans la collection Crozat. 7 L'histoire de notre tableau et de la collection Crozat est généralement connue. En 1772, la majeure partie de la collection a passé par voie d'achat de Joseph Antoine Crozat, Baron Thiers, l'un des héritiers de Pierre Crozat, en la possession de Catherine II, impératrice de Russie, à l'Ermitage. 8 La bravoure de la structure, la richesse des couleurs et la force expressive inégalée du portrait un peu plus grand que nature, exposé dans les salles de la peinture Renaissance de l'Ermitage, rendent compréhensible la célébrité du tableau et les éloges que lui firent les sources du XVII e siècle. Il est, par contre, d'autant plus incompréhensible que la littérature d'art n'ait jamais éclairci les problèmes relatifs à ce tableau qui est une création des plus marquantes de la peinture de portraits de la Renaissance, et après avoir changé et rechangé les différentes hypothèses inacceptables, elle ait adopté l'attri­bution à Domenico Mancini, également inacceptable et injustifiée. Tourné face au spectateur et représenté de profil à trois quarts, se tient derrière un parapet de pierre, un jeune homme aux traits nobles, avec sur les cheveux bruns abon­dants, retombant sur l'épaule, un béret de velours noir aux dessins bleus. Sous sa robe jaune-rouge aux manches amples on voit sa chemise blanche qui monte jusqu'au cou. Sur le dos et l'épaule droite tournée vers le fond du tableau il porte un manteau au col de fourrure (fig. 53). Il tient de ses deux mains un petit livre lié avec un ruban et posé devant lui sur le parapet. Derrière lui, dans le fond on voit une riche architecture à colonnes, à gauche la vue s'ouvre, à travers l'ouverture ressemblant à un arc de triomphe, sur l'église d'une petite ville et sur la place s'étendant devant celle-ci, tandis qu'à droite la large ouverture de la niche ménagée dans le mur est occupée par une statue de femme sans tête et aux bras torses. Finalement, à droite, on voit sur le parapet un médaillon en or, qui porte l'inscription circulaire «MDXII DOMINICUS A XXV». <J On connaît, des années 1510, dans la peinture italienne à peine un portrait qui rivaliserait de richesse et de beauté avec le tableau de l'Ermitage. Son intérêt réside sur mandat du roi de France, mais aussi sur celui du fils de Colbert, le Marquis de Seignelay, ainsi qu'on le lit dans le Recueil Crozat à propos du «Repas d'Emmaüs» de Veronese, provenant de la collection Muselli. V. Recueil d'estampes d'après les plus beaux tableaux qui sont en France . . .Paris, 1729—1742. 6 Catalogue des tableaux du Cabinet de M. Crozat, Baron de Thiers. Paris, 1755. Dans l'exemplaire illustré de dessins du catalogue de Gabriel de St. Aubin on distingue nettement le portrait de Leningrad. V. D a c i e r, E. : Catalogue de ventes et livrets illustrés de Salons par Gabriel de Saint Aubin. Paris, 1909. 7 Richardson, J.: An Account of Some of the Statues, Basreliefs, Drawings and Pictures in Italy. London, 1722. p. 9. 8 Parmi les tableaux entrés à l'Ermitage, ce sont de la collection Muselli que proviennent la Foi de Moretto, l'Ascension et le Tobie aveugle de Feti, la Mise au tombeau de Garofalo, etc. 8 117x85 cm, n" 21. Tocy;; EpMHTa>K, OTfleji 3ana^HoeBponencKoro iici<ycTBa. KaTa­Jior /Knijoinicii. Moscou, 1958. I. p. 128.

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