Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
CZOBOR AGNES: La «Sainte Trinité» un tableau de Pietro Novelli il Monrealese au Musée des Beaux-Arts
En 1633 Novelli se trouve de nouveau à Palerme et à partir de cette date il sera considéré comme le plus grand peintre de la Sicile et obtiendra des commandes l'une après l'autre. Après son retour en Sicile on observe dans presque chacun de ses tableaux la dualité mentionnée à propos de la «Sainte Trinité», la morbidesse et l'élégance de Van Dyck et une certaine dureté caravagesque. C'est en 1635 qu'il peint ses deux oeuvres les plus importantes. Tous deux tableaux représentent des scènes tirées de la vie de Saint Benoît: l'un, une composition de grandes dimensions, est intitulé «Saint Benoît distribue du pain» (originairement au Monastero dei Benedettini de Monrelae, actuellement au Convitto Guglielmo), et l'autre, une immense toile également à nombreux personnages porte le titre «Saint Benoît remet le sabre à Sancio III, roi de Castille» (dans l'église San Martino vielle Scale, près de Palerme). Sur ce dernier tableau, la Sainte Trinité représentée au-dessus de la scène principale, dans la zone supérieure du champs pictural, n'est autre qu'une variante de la «Sainte Trinité» de Budapest, avec la seule différence que la figure du Christ y est représentée de profil (fig. 72). 11 On retrouve l'analogie du détail de paysage du tableau de Budapest d'une beauté exceptionelle que nous avons déjà mentionné et qui est fort rare dans l'oeuvre do Novelli, dans le premier tableau figurant «Saint Benoît distribuant du pain». Or, le détail de paysage du tableau de Budapest est bien plus grand et plus varié. Nous ne connaissons parmi les créations de Novelli, jusqu'ici publiées, aucune où le paysage ait obtenu un plus grand rôle. Il représente des champs accidentés un peu arides, avec de çà et là des maisonnettes typiquement méridionales, la contrée désolée entre Palerme et Monreale. La forte lumière du nimbe doré rayonnant autour du Christ et le Dieu-Père arrive à ces versants tel un brouillard doré et embué, et sa faible lumière semble être le dernier scintillement du soleil crépusculaire. Les analogies les plus proches ayant été exécutées en 1635, le tableau de Budapest a dû être aussi réalisé dans ces temps-là. Nous signalerons encore le type de visage du Christ et du Dieu-Père. Le visage du Christ à la barbe hirsute, aux longs cheveux flottants, au regard perçant, est un type très fréquent chez Novelli, à tel point que plusieurs visages semblables sont considérés par les historiens de l'art conditionnellement comme des autoportraits. Selon d'anciennes traditions, on considère comme son autoportrait le chevalier se tenant sous un arbre, du grand tableau de Monreale représentant «Saint Benoît distribuant du pain», la tête regardant le spectateur sur le côté gauche du tableau de la Casa Professa de Palerme, représentant des saints ermites, l'un des apôtres de l'«Ascension de la Vierge» de l'église des Capucins de Ragusa-Ibla, un portrait d'homme de la Galerie de Palerme et le portrait se trouvant dans la sacristie de l'Oratoire del Rosario di San Domenico. 12 A notre avis il y a, en dehors de ceux-ci, encore plusieurs autres figures qui rappellent fortement celles considérées comme autoportraits. C'est de ce type de visage que se rapproche aussi le visage du Christ de la «Sainte Trinité» de Budapest. Nous ne pensons pas que l'artiste ait voulu reproduire dans la figure du Christ son autoportrait, ce qui ne réponderait aucunement à l'esprit religieux ni de l'époque, ni de la Sicile étant sous la domination espagnole, mais plutôt qu'il fût l'un de ces peintres — c'est justement au XVII e siècle que ceux-ci se trouvent en grand nombre — qui ont tellement étudié leur propre visage qu'ils 11 J'exprime ici ma reconnaissance à M. le Prof. Gaetano Falzone pour la photographie qu'il a bien voulu m'envoyer. 12 Stefano, G. di: Pietro Novelli il Monrealese. Palermo 1940. p. 71.