Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
PIGLER, ANDRE: La mouche peinte: un talisman
LA MOUCHE PEINTE : UN TALISMAN L'un des plus petits détails de la nature qui peuvent être rendus dans la peinture, est l'insecte. Nous ne parlerons dans ce qui suit que des mouches en tant que «sujet» de tableaux. Bien que ces représentations — plus exactement des détails minuscules de tableaux — n'apparaissent que comme curiosités,, le fait que leur présence dans certaines périodes doit être considérée comme un phénomène cohérent et non comme autant d'idées individuelles toujours nouvelles, ne demande pas une explication plus ample. Elle permet de conclure à des contacts artistiques entre les peintres respectifs, franchissant même plus d'une fois les frontières des pays, et la représentation de la mouche, ce menu détail des tableaux presque contemporains, témoigne, tel un cachet de légalisation, d'influences réciproques. Un tel détail minuscule réunit aussi diverses branches d'études assez disparates. C'est en premier lieu l'histoire de l'art, et dans une moindre mesure l'ethnographie, mais en quelque sorte aussi la science naturelle, qui sont intéressées dans la présence des mouches figurant sur des tableaux et dans le développement de ce motif. Selon nos connaissances actuelles, le milieu du XV e siècle et l'an 1515 sont les deux dates limites entre lesquelles divers maîtres néerlandais, italiens et allemands avaient, à l'occasion, peint à un endroit bien visible de leurs tableaux une, éventuellement deux mouches. Il s'agit donc d'une mode curieuse de plus d'un demi siècle. E. Panofsky fut le premier à signaler ce phénomène, en mentionnant sous ce rapport des oeuvres de Petrus Christus, de Crivelli et de Dürer. 1 Or, un «entomologue» plus assidu constatera que les peintres qui faisaient figurer des mouches dans leurs tableaux, étaient bien plus nombreux. Ne prétendant pas de dresser une liste complète des représentations subsistant y relatives, nous les énumérerons ci-dessous approximativement dans l'ordre chronologique, et nous y mentionnerons aussi dans quel endroit du tableau se trouve le motif de la mouche. Ceci est d'autant plus nécessaire que, par suite de la petitesse, le motif en question ne peut, sur les reproductions, être distingué que dans quelques cas à peine. Le nombre relativement grand des reproductions publiées sert à démontrer aussi ad oculos la présence du motif dans un entourage très varié. 1. Petrus Christus: Portrait en buste d'un Chartreux; daté de 1446. New York, Metropolitan Museum (fig. 34). En bas, au milieu, au-dessus de la signature. 2. Giorgio Schiavone : La Vierge de Majesté ; vers 1460. Londres, National Gallery (fig. 35). En bas, à côté du cartellino. 3. Giorgio Schiavone: La Vierge et l'Enfant; des années 1460. Turin, Galleria Sabauda (fig. 36). En bas, à gauche, sur le dos de l'angelot. 1 Panofsky, E. : Albrecht Dürer. Princeton, N. J., 1948. II. p. 12.