Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 19. (Budapest 1961)

PIGLER, ANDRÉ: L'élément nordique dans l'art de Lorenzo Lotto

dans le catalogue des objets d'art de la Municipalité, dressé en 1914, comme l'oeuvre d'un peintre allemand du XVI e siècle. Cette erreur ne fut rectifiée que dans le cata­logue de 1923 du legs Zichy (n° 102), néanmoins, on se contentait de le donner d'une manière très vague à un «Peintre italien du XVI e siècle». C'est avec cette désignation qu'il est entré dans l'inventaire du Musée des Beaux-Arts, lorsqu'en 1953 la plupart des objets du legs Zichy furent incorporés dans les collections du Musée. Nous tenons à souligner encore une fois qu'en rendant le tableau à Lotto, nous avons fait appel à une tradition digne de confiance. Toutefois il reste à expliquer quelle est la raison de ce caractère étranger et mystérieux qui, malgré la beauté du détail de la nature morte, repousse le spectateur au lieu de l'attirer par sa franchise. Pourtant les portraits de Lotto sont d'habitude avenants et sympathiques, on dirait même qu'ils regardent le spectateur d'aujourd'hui non pas d'une distance de quatre siècles. Ce problème sera résolu grâce à l'identification de la personne portraiturée. C'est Mme Thérèse Gerszi qui a reconnu dans l'homme comptant et pesant des pièces d'or le négociant Jacob Fugger, qui dans l'histoire est surnommé le «Riche». L'iden­tité est tellement hors de doute que nous prétendons à bon droit qu'entre le portrait italien et la statue en bois de Berlin, provenant de l'église Sainte Anne d'Augsbourg, et présentant Fugger d'une façon héroïsée (fig. 29) la concordance physionomique est plus marquante qu'entre les deux effigies les plus populaires du commerçant d'Augsbourg, c'est à dire le tableau de Dürer à Munich et la gravure sur bois exé­cutée d'après de dessin de Hans Burgkmarr l'aîné (fig. 28). 20 Nous ignorons si Lotto ait eu l'occasion de voir le grand marchand face à face. Il a dû, selon toute vraisemblance, copier un portrait très fidèle sorti de la main d'un peintre allemand. Ce cas n'est pas unique dans l'oeuvre du maître : un passage du «Libro dei conti» relate que Lotto avait peint en 1540 les portraits de Martin Luther et de sa femme pour son neveu Mario d'Armanno pour que celui-ci en fasse un cadeau à son ami Giovanni Battista Tristan. 21 Il a dû peindre ces portraits sans doute d'après des modèles allemands. Les deux tableaux de petit format sont perdus, or la donnée que nous possédons sur ceux-ci renforce l'attribution à Lotto du tableau de Budapest qui à son tour permet de nous former une idée sur les portraits mention­nés du couple Luther. 22 Jacob Fugger est mort en 1525, le tableau de Budapest est donc un portrait post­hume exécuté dans une grande distance spatio-temporelle. C'est bien cette double distance qui explique son caractère glacial, l'absence de la chaleur de la vie et l'impos­sibilité d'un recueillement psychologique. Une lettre datée de Rome de 1521 dit Jacob Fugger, ce précurseur du capitalisme, «nummorum rex», en agrandissant d'une manière presque apocalyptique le pouvoir international du citoyen d'Augs­bourg. 23 Lotto a lui aussi placé idéalement ce personnage exceptionnel dans une 20 Cf. L i 11, G. : Fuggerorum et Fuggerarum Imagines. Augsburg, 1938. — Lieb, N. : Die Fugger und die Kunst im Zeitalter der Spätgotik und der frühen Renaissance. München, 1952. pp. 266 — 280. — Le tableau de Budapest a été présenté en 1929 à Amsterdam, Internationale economischJaistorische tentoonstelling, sous le n° 229. La personne portraiturée n'a pas été identifiée là non plus, bien qu'à la même exposition aient figuré des portraits authentiques de Jacob Fugger. 21 «Le Gallerie Nazionali Italiane», I, 1894. pp. 123, 205. Cf. Berenson, B. : op. cit. p. 113. 22 Un portrait de Martin Luther et un de sa femme ont figuré en 1709 à Venise, dans l'inventaire de la collection de Giorgio Bergonzi, comme les oeuvres d'Albert Dürer ; il se peut que c'étaient ceux-ci que Lotto avait peints. Cf. Levi, CA.: Le collezioni veneziane d'arte e d'antichità dal secolo XIV ai nostri giorni, II. Venezia, 1900. p. 165. n 0 * 264, 265. 23 L i e b , N. : op. cit. p. 281.

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