Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 17. (Budapest 1960
ESZLÁRY, EVE: Une statuette équestre baroque dans la Collection des Seulptuies Anciennes
droit du cheval tournant la tête à droite, se tenant sur les pattes de derrière et battant l'air de ses pattes de devant levées à la même hauteur, L'abandon de la multiplicité des points de vue de la statue équestre et de l'exploitation, de ses multiples possibilités plastiques, le pittoresque de la composition, accentué ici par la draperie abondant en effets de lumière et d'ombre, donnent naissance à un nouveau type du genre. C'est en premier lieu la conception tel un bas-relief, l'accent mis sur la vision en largeur, qui caractérisent le type de statue équestre de Bernini. Or, dans l'évolution du type dynamique du cheval cabré les oeuvres de Bernini ne marquent qu'une étape intermédiaire. Les compositions de chevaux se cabrant, attribuées à son influence 8 — même si leur genèse est, en effet, due aux sculptures de Bernini — ne sont pas des emprunts conséquents du type. C'est justement la composition décidémment bâtie sur une seule vue qui leur fait défaut, trait si caractéristique de la statue de Constantin le Grand de Bernini, qui est le plus frappant dans l'ébauche de la statue de Louis XIV, et dans le monument lui-même transformé plus tard en la statue de Marcus Curtius. La vue sur une seule face devient sur la statue de Louis XIV peut-être encore plus marquée par l'attitude de la tête et du corps du cavalier qui suivent le rythme de l'animal tourné vers la droite, figure qui tient les bras en accentuant, malgré leur élan vigoureux, plutôt le plan que d'évoluer dans l'espace, conformément au point de vue unique de la statue. Le sort de la statue de Bernini est généralement connu. Ce monument baroque, dynamique et surabondant en effets pittoresques, était fondamentalement étranger à l'esprit rationnel que le souverain demandait à ses sculptures. Les monuments exécutés en France représentaient le roi assis sur son cheval prenant l'allure du pas avec une calme dignité. La plupart des statues équestres ont été exécutées sur un schéma très proche l'un de l'autre, sous la surveillance de Mansard, architecte de la cour. 9 La statue de Bernini ne fut transportée en France qu'après la mort du maître, 10 elle ne fut cependant pas érigée sur la place devant les Tuileries, comme le voulait le projet original, mais dans le parc de Versailles. 11 Et même là le roi ne le fit pas ériger comme son portrait, mais chargea Girardon de la retailler et de la transformer en la statue de Marcus Curtius. 12 On comprend donc qu'en France, mais aussi à l'étranger, ce sont en premier lieu les monuments de Louis XIV exécutés en France qui exercèrent une influence sur les sculpteurs, et non la statue déformée et mise à l'écart de Bernini. Pourtant dans la petite statue équestre du Musée des Beaux-Arts de Budapest, on reconnaît décidément l'influence delà statue de Bernini, non seulement dans les traits généraux, tels le dynamisme baroque plein de verve, le traitement pittoresque de la surface, mais aussi dans l'attitude du cavalier et du cheval, dans la composition destinée à être regardée sur une seule face ainsi que dans d'autres menus détails. La statue de Bernini, placée dans l'atelier du maître à Rome, près de l'église Saint Pierre, n'aurait pu rester jusqu'en 1689, 13 lorsqu'elle fut transportée en France, sans exercer un effet sur les sculpteurs se rendant à Rome des différentes régions de l'Italie. La statue équestre de notre musée est le seul monument où l'on retrouve 8 B r i n c k m a n n, A. E. : Barockskulptur. II. Berlin— Neubabelsberg, 1919. p. 335 et 336. 9 D a h 1, I. : Das Barocke Reitermonument, Inaugural-Dissertation zur Erlangung der Doktorwürde der Philosophischen Fakultät. (I. Sektion) der Ludwig-Maximilians-Universität zu München. Düsseldorf, 1935. p. 61 — 67. 10 Brinckmann, A. E. : Barock-Bozzetti. Frankfurt a. M., 1924. II. p. 68. 11 Brinckmann, A. E. : op. cit. p. 69 et 70. 12 Brinckmann, A. E. : op. cit. II. p. 70 ; Dahl, I. : op. oit, p. 56. 13 Brinckmann, A. E. : op. cit. p. 68.