Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 17. (Budapest 1960
RADOCSAY, DENIS: Le probleme des confins de la sculpture en bois gothique de Hongrie I.
pantalons sont bien éloignés de la vivacité des bleus et des rouges du Moyen Age ; leurs vêtements de dessus sont dorés, comme on le rencontre tant dans le gothique que dans le baroque. Inutile de parler longuement de leur style, s'il est purement gothique ou non, il suffit de jeter un regard rapide sur les visages, sur la façon de traiter les cheveux, sur le geste artificiel et les vêtements des deux bourreaux pour nous convaincre que ces figures sont nées à une époque postérieure au Moyen Age. Leurs qualités, bien que modestes, sont à notre point de vue pourtant instructives. Leur mise en place supposée — elles ont dû occuper des niches de prédelle — ainsi que quelques motifs des vêtements du bourreau de gauche et de Saint Etienne agenouillé, tels les plis verticaux de sa dalmatique, les cassures en forme de coin de sa chemise aux arêtes vives, retombant par terre, les froissures des manches de sa chemise, dénotent la même tendance gothisante de l'époque baroque de laquelle témoignait aussi le groupe précédent. Outre la destination analogue — le groupe était appelé à orner un retable — aucun lien de style ne rattache la « Lapidation de Saint Etienne » aux statues précédentes. L'oeuvre est née indépendamment de l'activité de l'atelier ou école cidessus mentionnée. Son indépendance, son isolation, bien qu'elles rendent plus difficile sa définition stylistique, jette une lumière neuve sur la pratique de rhabiller à l'époque baroque, les retables vétustés ; pratique sans aucun doute plus vaste qu'elle n'est connue aujourd'hui. Le recensement de nos statues gothisantes de l'époque baroque présente une question qui est la suivante : ce même phénomène est-il connu aussi dans la sphère d'autres genres, telle dans la peinture ? La réponse n'est pas simple. Dans le domaine de la peinture ce phénomène est d'une nature toute autre. Le peintre dilettante de l'époque baroque, en « restaurant » le retable ou le tableau de chevalet, suit la composition originale et pense de s'être par cela acquitté de sa tâche. Il se garde d'appliquer des formes et des motifs baroques, mais il n'est pas capable de faire revivre les formes médiévales, ni de recréer sur sa palette les couleurs du Moyen Age. Son travail se borne à repeindre la composition ancienne. Nous citerons à titre d'exemple le maître-autel et les deux autels latéraux de Sabinov —Kisszeben. Nous ignorons l'existence de tableaux de chevalet neufs « gothiques », exécutés aux temps baroques, seule la Sainte Trinité de Zilina —Zsolna témoigne d'une tendance qui se rapproche de celle de nos statues. L'activité de ce peintre « restaurateur » est issue sans aucun doute du même sol spirituel que celle des tailleurs de statues gothisantes, la différence toutefois entre leurs « créations » est essentielle et est déterminée en premier lieu par les lois de la peinture et de la sculpture. Sans doute était-il plus facile de copier et de varier les simples formes spatiales, les éléments et les motifs que de répéter le système essentiellement plus compliqué de la composition et de la perspective de l'art plan, les formes variées des mouvements, sa technique picturale, son style et son coloris caractéristique. Le peintre baroque n'a guère pu suivre le chemin du sculpteur baroque gothisant et il a fait suffisamment preuve de son respect pour le souvenir du Moyen Age, lorsqu'en se tenant à la composition et au thème du tableau de chevalet qui lui a été confié, il n'a pas modifié les éléments principaux. Par les lois de son genre l'architecture a plus d'affinités avec la plastique que la peinture, ce qui explique les tendances gothisantes dans l'architecture baroque, ressemblant à celles de la sculpture. Nous citerons à titre d'exemple l'Eglise Noire de Orasul Stalin — Brassó. Cette église périe par l'incendie, sera reconstruite entre 1710 et 1714, et son intérieur transformé. Les bas côtés obtiendront des tribunes aux voûtes en étoile, ornées de nouveaux pinacles « gothiques » et d'arcs en accolade.