Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 17. (Budapest 1960
FENYŐ, IVÁN: Dessins inconnus des Carracci
teur de la caricature bourgeoise dans l'acception moderne du genre. Nous voyons sur le bord du trottoir trois personnages curieux enveloppés dans leur manteaux. Derrière eux on voit d'innombrables feuilles de papier griffonnées, fixées sur le mur, parmi lesquelles on ne distingue nettement qu'une seule qui porte la caricature d'une tête d'homme vue de profil, et à laquelle s'applique bien l'expression « Ritrattini Carichi » que Giovanni Atanasio Mosini, son contemporain plus jeune, avait employée en rapport avec Annibale. 25 Cette expression sera adoptée aussi par Malvasia dans la « Felsine Pittrice », cet auteur citant souvent de longs passages de l'ouvrage de Mosini, dans lequel figurent, en rapport avec les caricatures d'Annibale, les expressions intéressantes : « perfetta deformità », « una bella deformità » ou «la bellezza délia deformità », 26 illustrant si plastiquement la conception contemporaine. Revenant au dessin de Budapest, il représente, à notre avis, des artistes qui ont fixé leurs gravures sur le mur pour être vendues. Nous inclinons à interprêter son sujet quelque peu littéraire, en voyant dans ces personnages des artistes qui stationnent devant leurs oeuvres exposées, et, s'enveloppant frileusement dans leur manteaux, attendent les acheteurs qui n'arrivent pas. Le personnage de droite, fatigué et déçu, baisse la tête : c'est peut-être lui seul l'artiste qui veut vendre et les deux autres symbolisent les groupes des « indifférents ironiques ». 11 serait intéressant de citer ici le passage de Mosini mentionné, que Malvasia adopte dans la « Felsina Pittrice ». 27 « Annibale nelle opère più grandi di molto studio, e fatica, egli prendeua il suo riposo, e ricreatione dall'istesso operare délia sua professione, disegnando, ô dipingendo qualche cosa, come per ischerzo : e tra le moite, che in taie maniera operô, postosi à disegnare con la penna l'effigie del volto, e di tutta la persona de gli Artisti, e che per la Città di Bologna, patria di lui, vanno vendendo, ô facendo varie cose, ...» On dirait que Mosini avait pensé ici au dessin de Budapest. Nous connaissons des feuilles très ressemblantes au « Marchands de gravures » d'Annibale Carracci, de Budapest. Un tel dessin est par exemple le « Marché » de Windsor, d'un goût farceur, que Wittkower publie comme une oeuvre de jeunesse datant du séjour bolonais du maître. 28 Parmi les dessins représentant des scènes de genre et des caricatures, exposés à la Mostra dei Carracci, figuraient aussi des dessins d'Annibale, tracés avec de traits rapides, presque négligés. Tels sont, par exemple, les dessins représentant un vieillard assis devant le feu, ou un groupe de mendiants. 29 Très proche de la feuille de Budapest est une caricature du Gabinetto Nazionale délie Stampe de Rome, que Luigi Grassi vient de publier comme une oeuvre d'Annibale. 30 Des traits intéressants et analogues à notre dessin présente la « Scène de rue » de la collection Scholz de New York, qui est, aussi selon la tradition, 25 Giovanni Atanasio Mosini est le pseudonyme de Monsignor Giovanni Antonio Massani, qui a rempli la fonction de « Maestro di Casa » auprès du pape Urbain VII. Voir l'ouvrage d'une importance fondamentale de Mahon, D. : Studies in Seieento Art and Theory. Londres, 1947. L'écrit de Mosini sert de préface aux 80 gravures de Simon Guillain le jeune, parues d'après les dessins de Carracci, en 1646, et représentant des artisans, ouvriers et commerçants bolonais. 26 Voir : M a h o n, D. : op. cit. p. 262, et sur la même page dans la note n» 47, son commentaire intéressant sur cette question. 27 M a h o n, D. : op. cit. p. 235 ; Malvasia, C. C. : Felsina Pittrice. Vite de pittori bolognesi. Bologna 1678. p. 469. 28 Wittkower R. : op. cit. Cat. n» 388. 29 Mahon, D. : Catalogo. Disegni. n<* 226, 230. 30 G r a s s i, L. : Il Disogno Italiano dal Trecento al Seieento. Rome, 1956. fig. 119.