Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 16. (Budapest 1960)

BOSKOVITS, NICOLAS: Un „Christ de Pitié" bolonais

des représentations florentines analogues du Christ, il se rapproche par contre du nôtre par le rassemblement linéaire et archaïsant des formes du corps et par quel­ques menus détails : les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, l'oreille apparaissant de sous les cheveux, etc. Le modelé mou, caractérisant dans notre tableau surtout la tête du Christ et de celle de Saint Jean, indique une autre direction. La forme de la tête allongée un peu en avant, le long nez d'une ligne très fine, les longs yeux­étroits, les lèvres molles à demi ouvertes, ou d'autre part les plis lourds des robes, sommairement traités dénotent, à notre avis, un imitateur un peu vulgarisant du style de quelque maître important. Le modèle a dû être Vitale, le grand maître de l'école bolonaise, dont la Cru­cifixion de la collection Thyssen-Bornemisza de Lugano accuse nombreux traits de parenté avec notre tableau (fig. 33 et 34). 0 Le plus frappant est la ressemblance des têtes. Ce sont les proportions caractéristiques de la structure des visages, la forme des yeux et du nez et la position de la bouche qui rappellent en premier lieu notre tableau, et non seulement dans la représentation du Christ, mais aussi dans le groupe des pleurants disposé sur le côté gauche du tableau. C'est encore de l'in­fluence de Vitale que témoigne l'ordonnance des drapés, ce qui ressort le mieux en comparant la figure de la Vierge de notre tableau avec la femme se tenant à l'extré­mité gauche de la Crucifixion de Lugano, qui soutient la Vierge affaissée. On observe en général clans les draperies de tous deux tableaux l'application de formes lourdes et synthétiques. Le même type de visage familier apparaît sur une autre oeuvre attribuée à Vitale : le fragment de fresque de l'église S. Francesco de Bologne, où, tout comme sur la Crucifixion de la collection Thyssen-Bornemisza, on observe une forte influence de l'art de Rimini. 10 Notre maître avait sans aucun doute eu des rapports avec les tradition picturales de Rimini, et s'efforce de suivre, bien que d'une manière souvent médiocre et mala­droite, les particularités du style de Vitale. A notre avis, la genèse de son tableau est déterminée par le temps où le style vitalesque (ajoutons encore : l'influence de la peinture de Rimini) continue à vivre à Bologne. Nous savons que les maîtres bolonais plus importants des dernières décades du XIV e siècle : Simone dei Croce­fissi, Lippo Dalmasio ou le mystérieux « Cugino dei Romagnoli », s'éloignaient graduellement de cette tradition, et une conception un peu sèche et plus objec­tive supplantait vers le tournant du siècle la manière molle et poétique, jusque là u Van M a r 1 o considère le tableau de la «Sammlung Schloss Rohoncz » comme une oeuvre tardive de Baronzio et y voit un trait d'union entre l'art de l'école de Rimini et de Simone dei Crocefissi (cf : Dedalo XI, 1931. p. 1372). Par contre Sandberg — V a V a 1 à, E. le tient pour une oeuvre de Vitale, en accentuant elle aussi ses attaches avec Rimini (cf. — Rivista d'Arte XII, 1930. p. 4 et suiv). C'est comme une oeuvre de Vitale que Long hi, R. l'avait présentée en 1950, à l'exposition du « Trecento à Bologne» (cf.: Bolletino d'Arte XXXV, 1950, p. 370). — Malheureusement je n'ai pas pu me pro­curer le catalogue de l'exposition). — Je suis particulièrement reconnaissant à M. Ale­xandre Berkes, conservateur de la « Sammlung Schloss Rohoncz » qui, outre la photo­graphie de l'oeuvre de Vitale, m'a envoyé une photo en plus, et a aidé par cela mon travail . 10 On connaissait auparavant à l'église S. Francesco de Bologne les fragments de fresques de Francesco da Rimini, le décor de fresques de cette église était donc une étape importante des attaches de la peinture de Rimini avec celle de Bologne. Les frag­ments de la « Cène » de Vitale — parmi lesquels c'est particulièrement la tête de Saint Jean qui rappelle les types de notre tableau — furent publiés pour la première fois par Brandi, C. (Critica d'Arte II, 1937; cf: encore Van Marie, R.: op. cit. IV, p. 338).

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