Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 14. (Budapest 1959)

CZOB0R, AGNES: Le tableau de Giovanni Francesco Romanelli dans la Galerie des Maîtres Anciens

avec entre les yeux et les sourcils la curieuse tache lumineuse, la Vierge et l'Enfant eux-mêmes sont de la même famille que les personnages figurant sur notre tableau, tandis que l'on rencontre le pendant de Saint Joseph sur l'autre tableau représentant l'Adoration des Mages. Le robuste contraste de lumière et d'ombre est aussi caractéristique de l'Adoration des Bergers de la Galleria Corsini que de notre tableau ; le coloris en est aussi vif que celui du tableau de Budapest. L'identité du peintre des tableaux de la Galleria Corsini et de celui du petit tableau de Budapest ne laisse subsister aucun doute. Il n'est pas moins certain que ces trois tableaux sont des oeuvres de jeunesse de Romanelli. La question se pose cependant de savoir quel était le modèle dont s'inspirait Romanelli en peignant ces tableaux. Les biographes ainsi que les historiens d'art modernes font remonter le style de Romanelli à l'art de Pietro da Cortona et ils sont unanimes à mentionner qu'il a subi, pendant son séjour en France, l'influence de l'art français contemporain. Denis Mahon, dans son catalogue de l'exposition de Londres, de 1955, intitulée « Artists in 17th Century Rome », 4 fait mention de la troisième influence, à notre avis également importante, celle de Guido Reni. La biographie de Guido Reni par Malvasia nous apprend que le cardinal Fran­cesco Barberini, mécène de Romanelli, lui a commandé une copie du tableau de Reni peint pour la reine d'Angleterre et représentant Bacchus et Ariane, tableau perdu au XVII e siècle : « da mandarsi alla Regina in luogo delPoriginale ». 2 Cette copie se trouve encore de nos jours à la Hampton Court Gallery. Le tableau de Reni ne subsistant que par une copie, a été peint en 1639—-1640. Ainsi à cette époque, Romanelli était déjà en contact étroit avec le maître âgé, dans l'atelier duquel il a dû passer un temps assez long — au moins le temps nécessaire à l'exécution de la copie. Ce contact a dû se prolonger même après l'exécution de la copie, car selon toute probabilité, Romanelli a vu dans l'atelier Reni, en cours d'exécution, le vaste tableau d'autel représentant l'Adoration des Bergers, exécuté en deux variantes (l'une est actuellement dans la Certosa di S. Martino à Naples, et l'autre est passée, en 1957, de la collection Liechtenstein de Vaduz à la National Gallery de Londres), variantes que Malvasia mentionne comme esquisses inachevées, trou­vées dans l'atelier du maître après sa mort. 3 Selon Malvasia, Reni a travaillé sur ces deux grands tableaux d'autel de 1640 jusqu'à sa mort survenue en 1642. A notre avis, Romanelli, qui a copié le « Bacchus et Ariane » vers 1640, a dû être témoin de l'exécution des tableaux (il est imaginable également que Malvasia se trompe d'une ou de deux années et que Reni les ait commencés plus tôt) ; ces tableaux l'ont fasciné à un tel point qu'en peignant un tableau de sujet identique il en adoptait presque servilement la composition, les personnages, les types et les gestes. La ressemblance entre le tableau de Naples (fig. 47) et celui de Budapest est parti­culièrement frappante. Non seulement la structure du tableau y est identique, mais aussi les types, les gestes et l'éclairage sont les mêmes. Toutefois, Romanelli, en supprimant plusieurs personnages dans le tableau de Budapest, a simplifié la com­position en transformant les deux jeunes bergers de gauche du tableau de Reni en deux beaux anges élancés, et le berger disposé diagonalement au plan du tableau, en une jeune mère. Du reste, les trois personnages sont eux aussi fort caractéris­tiques de l'art de Romanelli. Bien que l'influence de Reni s'y fasse fortement sentir, 1 Artists in 17th Century Rome, Gosfield Hall. London, 1 June — 16 July 1955. Catalogue, Seconde Edition (Re visée), p. 79. - Malvasia, C. C: Pelsina Pittrice IT. Bologna, 1678. p. 51. 3 M a 1 v a s i a, C. C: op. cit. p. 56.

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